Je me permets donc une incartade par rapport au projet originel du Grenier de
ne parler que de vieux machins, mais c'est mon blog et j'en fais ce que je
veux, après tout :-)
Voici donc quelques réflexions personnelles saisies à chaud à partir d'une
expérience professionnelle en cours.
Encore une fois, je ne peux que saluer la finesse d’esprit et l’analyse du
Dernier Blog. La naissance au forceps du livre numérique me laisse en effet
perplexe sur de nombreux points, et je me découvre également des penchants
réactionnaires qui m’amusent (dans les bons jours, je vieillis, j’ai le droit,
mince). En tant que responsable éditorial d’une association professionnelle
(http://www.adbs.fr/editions), nous allons très prochainement lancer un titre
uniquement numérique. Je le formule ainsi car nous vendons depuis pas mal de
temps des versions homothétiques d’ouvrages papier. Nous avons également
consacré un dossier entier de notre revue à la question (http://bit.ly/clyvVv).
De nombreuses questions apparaissent :
- dans quelle mesure le public attend le livre numérique ?
- y a-t-il un intérêt réel (au-delà du cercle universitaire) à emmener
« tout Shakespeare dans sa poche » ?
- OK pour publier des livres sans DRM (ce que nous allons faire) mais comment
analyser, évaluer, le taux de copie de cet ouvrage ?
- Doit-on le faire (après tout, on ne compte pas le nombre de photocopies
effectuées sur nos ouvrages) ?
- N’y a-t-il pas beaucoup de fantasmes autour de la forme du « vrai livre
numérique » (j’entends beaucoup autour de moi : « pour que cela
marche, il faut faire un vrai livre numérique et pas un bête PDF »)
- Les débats autour des méchants éditeurs et leurs prix de vente exorbitants
qui doivent absolument être réduit à peau de chagrin dans l’univers du
numérique laissent-ils encore un peu de place au travail éditorial ?
- Quel support allons-nous pouvoir trouver (clé USB, cédé...) pour redonner une
forme vendable au livre numérique dès qu'il quitte son site de vente originel
?
- Comment susciter de l'envie autour d'un fichier ?
- Et d'ailleurs quand aura lieu la fameuse connexion avec la pornographie, qui
a permis de faire décoller toutes les technologies d'information et de
communication de ces dernières années (VHS, Minitel, Internet...)
- Sans compter que lorsque je vois certaines initiatives récentes, je me
demande si l’on ne s’approche pas d’un mode de commercialisation du livre au
kilo, et là cela ne me branche que moyennement.