Bruno Putzulu, un Caligula convaincant...

Publié le 26 janvier 2011 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Plus de dix ans (depuis qu'il a quitté le Français) que je n'avais eu le plaisir de voir Bruno Putzulu sur une scène de théâtre. Nos "retrouvailles" à l'Athénée sont réussies, avec ce "Caligula" d'Albert Camus proposé dans sa version initiale de 1941,  mis en scène par Stéphane Olivié Bisson, dans lequel il interprète le rôle titre.

Je ferai court ici, à propos de l'oeuvre en elle-même que vous avez dû, comme nous tous, triturer au lycée jusqu'à plus soif  en compagnie de profs de français plus ou moins inspirés... L'auteur voyait sa pièce comme une "tragédie de l'intelligence, l'histoire d'un suicide supérieur", celui d'un homme tentant de vaincre le destin, à la recherche de la liberté absolue, réalisant au final "qu'on ne peut être libre contre les autres hommes". L'équipe de Stéphane Olivié Bisson y voit aussi une "tragédie de la peur, de la terreur" et une description de l'Homme face à celle-ci. 

Il y a tout ça bien-sûr dans Caligula. Et tout ça dans Bruno Putzulu.

Grâce à la sincérité totale qu'il donne à son personnage, dans une évidente souffrance psychologique, le comédien rejoint l'ambition de Camus. Il joue davantage qu'un simple tyran torturant son peuple et nous donne à entendre la réflexion d'un héros souhaitant aller au bout d'un raisonnement. Evitant une hystérie primaire un peu facile et sans grand intérêt, tour à tour drôle, touchant ou détestable, il est Caligula dans toute sa plénitude et sa complexité.

Impeccablement dirigée, la distribution qui l'entoure compose un "panel" de patriciens terrorisés de toute justesse et représente avec talent les différentes attitudes d'un peuple face à la dictature, la peur, la tyranie, ou l'abus de pouvoir, subissant, collaborant ou tentant courageusement d'y mettre un terme. Cette petite histoire nous renvoyant évidemment à la grande, bien réelle,  qu'elle soit passée, présente ou à venir, et nous fait réfléchir.

L'ensemble s'avère de belle qualité et mérite donc d'être vu. 

Reste cependant à percer le mystère d'une scénographie assez illisible en plus de n'être pas des plus heureuses esthétiquement parlant... 

Jusqu'au 5 février.

Photos : © Letizia Piantoni