“Rien n’est acquis, certes, mais tout est en lui comme tout est en toi, ce désir de créer ses propres rêves est au fond de notre être, au creux de nos pensées, au juste milieu de notre âme. […] Pourtant, rêver, cela n’a rien d’irréalisable, il n’y a pas de procédés, de méthode meilleure qu’une autre, il suffit peut-être d’y croire tout simplement…”
Philippe Espérandieu promène son regard sans jamais l’arrêter démasquant le réel derrière une image ou un son. Partageant sa vision intérieure avec le lecteur aveuglé par l’immédiat et la raison, le poète dévoile un espace-temps si intensément différent qu’il faudra laisser à ses belles phrases qui étirent le temps, le soin d’ouvrir notre troisième œil, celui du rêve.
Ce recueil fait partie de ces rares moments de littérature, lorsque le cœur prend le pas sur la raison. “Vous n’avez pas cherché à comprendre ou à analyser quoique ce soit, vous avez écouté ce que le rythme doux et léger de votre cœur vous disait en chuchotant. D’autres que vous auraient prêté attention aux éclats de voix, aux clameurs, à tous les bruits alentours, certains auraient donné crédit au raisonnement, au raisonnable, donnant raison à la Raison, juste pour avoir une raison d’avoir sûrement raison. Mais non, vous n’avez entendu que le murmure caressant distillé au creux de votre oreille par votre cœur.”
Quelques mots pour dire l’Amour. Quelques phrases pour oublier la médiocrité de notre siècle.
“Mon amour de délices, mon tendre et merveilleux amour de rêve et de passion, toi qui chaque jour vient calmer mon impatience en te faisant attendre, viens toucher au fond de mon cœur ce que ton cœur réclame, et fais brûler ton feu à l’ardeur de ta flamme. Je te donne les mots, ceux que j’ai cousu ensemble chaque jour et à chaque heure qu’il faisait bon t’aimer, bien calmement assis au feu de mon émotion qui rayonnait d’elle-même. Je te laisse les rubans de phrases que j’ai tressé pour toi, prends sans craindre d’épuiser ce qui te reviens de droit.”
Rêvons que notre temps accorde autant d’importance à ce recueil qu’à la neige en hiver.
“Les étoiles pleuvaient sur l’infini en remplissant les cieux de leur chatoiement.”
Philippe Espérandieu, recueil de Nouvelles Aux temps d’importance, 14 nouvelles, 145 pages, Mon petit éditeur, 2010.