L’essentiel à retenir de ces chiffres
Une relative stabilité de la population carcérale dans notre pays. On notera la libération presque surprenante de près de 900 détenus entre le 1er décembre 2010 et le 1er janvier 2011. Une baisse de la population certainement due aux diverses libérations anticipées, aux fins de peine ou autres mesures de placement à l’extérieur.
La très forte proportion de détenus en attente de jugement, représentant plus du quart de l’effectif global, oblige à s’interroger sur la capacité donnée à la Justice de remplir sa mission dans des délais convenables. L’engorgement des tribunaux si souvent décrié par les magistrats eux-mêmes prend ici une tournure inquiétante.
Le nombre de mineurs détenus qui apparait presque comme négligeable au regard du chiffre global, apparait comme paradoxal au regard de la nette progression de la délinquance observée ces derniers mois. La délinquance se rajeunie, et avec elle les atteintes délibérées aux biens et aux personnes ne cessent d’augmenter dans des proportions inquiétantes.
Si les mesures permettant un désengorgement des prisons vont dans le bon sens, il y a fort à parier que les récents faits-divers impliquant des récidivistes ou des reportages télévisés montrant la légèreté du suivi de certains délinquants sexuels, viendront remettre en cause cet état de fait. Les bons chiffres donnent une réalité, les faits en démontrent une autre bien moins satisfaisante.
Enfin, la France entend montrer avec une certaine fierté sa capacité à renouveler sa capacité d’accueil dans ses prisons. Sans doute dans l’espoir de satisfaire –ou de calmer- ses nombreux détracteurs.
La surpopulation est donc fixée à 108% dans notre pays. Bien. Ceci grâce à l’ouverture d’une dizaine de nouveaux établissements.
Pourtant la réalité de la détention à Fleury-Mérogis ou à Fresnes ne semble pas s’être améliorée pour autant. Les vastes campagnes de recrutement de personnels de surveillance ont-elles été porteuses et une formation poussée a-t-elle été programmée pour ces nouveaux agents ?
Le Ministère de la Justice semble s’intéresser de près à l’évolution de ses prisons depuis quelques années. Il refuse pourtant toujours l’intrusion d’observateurs indépendants dans celles-ci et les voix des « entrants » (entendez les Parlementaires) meurent étouffées dans un océan d’indifférence collective.
Ce n’est certainement pas le Contrôleur des Prisons programmé pour être englobé par un vaste agglomérat de compétences du futur Défenseur des Droits, qui nous dira le contraire.
A la manière de Napoléon Bonaparte : « Les hommes sont comme les chiffres : ils n'acquièrent de valeur que par leur position ».