Enfin, façon de parler. Cet argent devait servir à payer le prolongement de l’autoroute 30, et la réfection de la route 175, qui relie Québec au Saguenay-Lac-Saint-Jean. L’annonce a été faite il y a plus de deux ans. Mais la paperasse — et dieu sait qu’il y en a — n’est même pas signée. Fonctionnaires et politiciens se renvoient la balle.
Politicien québécois : « J’attends après le fédéral ! Il doit honorer ses engagements ! »
Politicien fédéral : « Le chèque est encore ici ? Mais qu’est-ce que Québec attend pour venir le chercher ? »
Quelqu’un, à Québec ou à Ottawa, a échappé le ballon.
Qui fait le suivi ?
Bon. On ne va pas déchirer notre chemise là-dessus. On va seulement souhaiter que quelqu’un se réveille, et parte chercher le chèque.
Mais ce genre d’erreur de communication et de suivi fait souvent les manchettes ces temps-ci. Mardi, on apprenait par la plume du collègue Mathieu Turbide, qui a fouillé les rapports financiers du gouvernement, que Raymond Bachand et son équipe vont échouer à contrôler leurs dépenses cette année. Malgré leur promesse.
Jeudi dernier, je vous racontais comment un seul ministère sur dix au fédéral s’est doté d’un plan pour réduire ses dépenses, alors que le gouvernement Harper a fait cette demande il y a près d’un an.
On promet, on déclare, on annonce… mais qui fait le suivi ?
Une culture de business
Tout ça montre une chose : nos problèmes de finances publiques ne sont pas seulement mathématiques. Ce n’est pas simplement une question de se demander : qu’est-ce qu’on coupe ? Qu’est-ce qu’on garde ? De combien on monte la TVQ, de combien on réduit les dépenses, etc.
C’est un changement culturel dont nous avons besoin au gouvernement. Une révision en profondeur des façons de faire. Peut-on avoir un État plus efficace ? Moins gros, certes. Mais surtout, plus efficace ? Ça va faire siller les oreilles de certains, mais je le dis quand même : peut-on avoir un État qui fonctionne comme une entreprise ? Avec une culture entrepreneuriale et, surtout, une reddition de compte ?
Quand une PME est incapable de remplir ses objectifs, de respecter les délais prescrits et qu’elle défonce ses budgets, elle fait faillite. Que cette entreprise soit à but non lucratif, ou une coopérative, n’y change rien. Toutes opèrent selon les principes de base de gestion. Sinon, elles meurent.
Le gouvernement, lui, doit ses neuf vies aux contribuables. Surtout les prochains.
Notre dette vient d’atteindre 225 milliards ce week-end. Déjà, 10 milliards de plus que l’an dernier. Si je parle de culture entrepreneuriale, c’est que lorsqu’on est dans le trou à ce point, des petites choses, comme aller chercher un chèque qui traîne sur une tablette, peuvent faire une différence.