Menés 2-0 à la mi-temps, nos Red Devils ont trouvé les ressources pour renverser la vapeur et obtenir une précieuse victoire à Blackpool.
Il faudra un jour que quelqu'un m'explique les raisons qui font qu'une équipe si performante dans son stade soit si exécrable hors de ses terres, au point de perdre en trois petits jours tout son football. Quand United est précis, imaginatif, volontaire à domicile, il devient passif, maladroit et brouillon à l'extérieur. L'ambiance hostile, le terrain sautillant ne sont pas des excuses suffisantes. Fergie avait décidé d'aligner Gibson au milieu et de laisser Anderson sur le banc, tout comme Giggs. Ce qui obligeait Rooney à évoluer à gauche pour alimenter un Berbatov bien seul en pointe. Smalling remplaçait une fois de plus Ferdinand aux côtés de Vidic.
La mi-temps lui permit de réparer une première erreur, en faisant sortir Gibson pour faire monter un vrai ailier gauche, Sir Ryan Giggs, et le gallois prouvera à nouveau pourquoi, à 37 ans, il a encore un avenir dans l'équipe. Il se montre déjà presque décisif trois minutes après la reprise en adressant un ballon en retrait vers Nani au point de penalty, qui manquait complètement le ballon. United va peu à peu prendre le match à son compte, sans toutefois se montrer assez incisif pour trouer le double rideau défensif des locaux, réglé comme une orange mécanique. Ainsi, ni Nani, ni Giggs, ni Rafael ne parviendront à tromper Kingson.
L'heure de la révolte
A la 66ème minute, second changement décisif de Sir Alex. Notre manager fait sortir Rooney, peu à son affaire ce soir, pour Javier Hernandez, le buteur à la gueule d'ange. Et cinq minutes plus tard, parti à la limite du hors-jeu, le mexicain manque son duel face au gardien ! Pas le temps de se morfondre, puisque quelques secondes plus tard, Nani et Fletcher combinent parfaitement sur la droite, et l'écossais d'adresser un ballon parfait pour Berbatov, qui ne se fit pas prier pour inscrire son 18ème but de la saison et redonner l'espoir à tous les supporters de United. 2-1. Et 2-2 deux minutes plus tard ! Giggs adresse un ballon parfait à Chicharito pour un remake de son duel précédent, cette fois, notre ange gardien ne loupe pas la cible et rétablit l'égalité, United n'est pas mort. Les joueurs de Blackpool sont carbonisés, ceux de United sont galvanisés. Mais leur élan sera interrompu suite à la commotion de Rafael, un incident qui aura des conséquences en fin de rencontre. Le petit brésilien, à nouveau exemplaire jusqu'alors, quitte donc la pelouse de Bloomfield sous les applaudissements du public et le regard inquiet de son frère Fabio. Fergie fait alors rentrer Anderson au milieu et fait glisser Fletcher au poste d'arrière droit (80ème). Bloomfield, déjà bien refroidi par l'égalisation, n'est pas au bout de ses peines. A la 88ème minute, le miracle se produit; Scholes envoyait une merveille de passe dans les pieds de Berbatov, légèrement décalé à gauche. Le bulgare fixait son défenseur avant de fusiller Kingson. 2-3 !!! Incroyable ! Incapable d'être dangereux pendant 70 minutes, United transorme toutes ses occasions en but pour signer une victoire importantissime dans la course au titre et par la même occasion envoyer un message fort à ses rivaux. Notre petit coeur de supporter souffrira encore puisque l'arbitre assistant annoncera 10 minutes d'arrêts de jeu ! Du jamais vu, en ce qui me concerne et une prolongation semble-t-il exagérée par rapport au temps passé à soigner Rafael. Peu importe, Blackpool est cuit, Chicharito aura encore une occasion de tuer le match mais sa tête à bout portant ira droit sur le gardien adverse.
Les Red Devils reviennent de l'enfer pour s'approcher un peu plus du paradis. De la sueur et du sang, mais désormais cinq points d'avance sur les Gunners et une victoire inestimable au niveau psychologique également. Beaucoup de choses furent déplaisantes. Nani ne sait toujours pas centrer, Fletcher n'est plus que l'ombre du génie qu'il était il y a un an, Smalling n'est toujours pas Ferdinand, Gibson n'a pas le niveau, Rooney n'est pas décisif comme un joueur touchant son salaire devrait l'être et sa place est mise sous pression par l'excellent Chicharito, qui a réussi en moins de dix minutes là où Rooney a échoué pendant plus d'une heure... Seuls Van der Sar, Evra, Rafael et, dans une moindre mesure, Berbatov, font preuve d'une excellence régulière. A près de 40 berges, Giggs a encore supplanté nombre de ses coéquipiers plus jeunes. Mais il serait injuste de ne pas nous réjouir de la réaction d'orgueil de nos joueurs, une réaction de champion. Il serait dommage de ne pas envisager l'avenir avec une bonne dose d'espoir, en voyant Chicharito marquer à chacune de ses apparitions. Sur sa dizaine de buts, il serait intéressant de calculer le nombre de points qu'il nous a rapportés. Il est directement impliqué dans nos trois victoires à l'extérieur.
Longue est encore la route, et on risque de perdre encore bien des cheveux cette saison, mais le fait d'imaginer le supporter d'Arsenal ou de City, assis dans son fauteuil, salivant devant sa télévision à la vue de la débâcle des Red Devils, puis imaginer ces têtes virer de l'euphorie au dégoût au fil des buts de Berbatov et Hernandez, emplit mon esprit d'une exquise extase annonciatrice d'une belle nuit... Supporter United est parfois douloureux, mais qu'est-ce que c'est bon.
United : Van der Sar, Rafael (Anderson), Smalling, Vidic, Evra, Nani, Fletcher, Scholes, Gibson (Giggs), Rooney (Hernandez), Berbatov.
Pas utilisés : Lindegaard, Evans, Fabio, Owen.
Homme du match : Mention spéciale au réalisateur de la télévision anglaise, qui s'en est donné à coeur joie avec les portrait hauts en couleurs proposés par les supporters de Blackpool. Un pot pourri de personnages tout droit sortis de bande dessinée ! Une belle publicité pour l'office de tourisme de la ville côtière. Plus sérieusement, Rafael a encore été excellent, devant comme derrière, avant son choc. Berbatov et Hernandez ont inscrit les buts du miracle, mais c'est l'entrée de Sir Ryan Giggs qui a sonné la révolte de United. Le gallois a couru comme un gamin et a ramené ses troupes dans le droit chemin, chapeau l'artiste !