Au fond, son analyse est toujours d'actualité, simplement onze ans ont filé et les éditeurs traditionnels ont largement laissé passer le train, au point de chercher aujourd'hui à écarter les jeunes structures éditoriales qui occupent la place que les édinosaures ont laissé vacante. Allez, je me tais, je vous laisse lire ce texte :
Nouvelle donne dans ce métier, difficile compromis entre marchand de papier imprimé et découvreur de talents, créateur de tendances et commercial docile, manager avisé et vecteur d'opinions...
Le livre électronique représente une diversification pour les éditeurs-papier, la possibilité de mieux diffuser leur fonds, celle de réexploiter un fonds plus ancien... et surtout il représente une concurrence potentielle importante. Voilà pourquoi les éditeurs de papier se livrent actuellement à de grandes manoeuvres, pleines de faux-pas et de valses-hésitations, pour être présents quand le marché sera prêt à consommer du livre électronique. Les grandes compagnies pétrolières ne font pas autre chose, qui sont occupées à investir lourdement dans la recherche sur les cellules photovoltaïques...
Les produits peuvent changer, mais ce qui ne peut varier, c'est que notre argent aille dans leur poche... Pourquoi pas, après tout ? Car ces entreprises concentrent un savoir-faire et des moyens importants, capables de faire bouger les choses. Pourquoi pas, à condition qu'il reste, dans le domaine de l'énergie, comme dans celui de l'édition, de la place pour une démarche libre, une "pensée latérale", alernative, non alignée, non-commerciale... C'est l'éternelle question des monopoles de fait et de la pensée unique.
En ce qui concerne l'édition, voici venir une chance pour les éditeurs inspirés (grands ou petits) de prouver ce qu'ils savent faire, de redevenir des découvreurs de talent, de faire le tri entre ce qui mérite d'être publié et le reste...
Distribution et position dominante
Il faut dire également que plus encore que les éditeurs, aussi géants soient-ils, ce sont les distributeurs qui font la fortune d'un livre ou non. Leur puissance d'achat et de présence sur le marché, la rapidité avec laquelle ils renvoient les invendus ne laissent guère d'autre choix aux éditeurs que le pilon ou le stockage. Vu les coûts du stockage, c'est la première option qui est le plus osuvent choisie.
La position des distributeurs est tellement puissante que c'est sur eux que repose réellement le sort d'un ouvrage. Or, dans la chaîne liant l'auteur d'un livre électronique à son lecteur, l'intervention des distributeurs est entièrement escamotée, au contraire de celle des éditeurs. Voilà qui pourrait bien changer pas mal de choses... Un risque de perte de qualité Il faut garder à l'esprit qu'en rendant chacun de nous éditeur potentiel, l'édition électronique risque de devenir synonyme "d'édition de tout et de n'importe quoi". C'est déjà ce qu'on voit sur le web, où de nombreux sites ont un intérêt limité et un contenu de qualité insuffisante. Avec l'avènement du livre électronique, les éditeurs professionnels, venus du papier ou nouveaux venus, libérés des contraintes matérielles, devront pour être crédibles continuer à exercer une vraie politique éditoriale, c'est à dire une vraie (donc dure) sélection.
Les éditeurs actuels sauront-ils nous étonner ? Ou confinés frileusement sur leur pré carré, se feront-ils manger sur la tête par les "petits nouveaux" ? L'avenir nous le dira...
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