Un grand bravo à la coordination pour la sauvegarde du bois de Boulogne qui a réussi à obtenir du Tribunal administratif l'annulation du permis de construire la fondation LVMH !
Bien évidemment, aussitôt, la mairie tente de s'asseoir sur le jugement dans une surenchère totale de mauvaise foi.
Qu'une chose soit claire : Franck Gehry est un architecte de talent et il faut se réjouir qu'il puisse travailler à Paris et y construire de beaux immeubles.
Le problème n'est donc pas le bâtiment de LVMH en lui-même mais son emplacement et la manière dont il a été imposé aux Parisiens.
Construire un paquebot de 47 mètres de haut au beau milieu du bois de Boulogne en prétendant qu'il n'aurait qu'un seul étage et que son toit ne serait qu'une sorte d'ornementation, pour contourner les règles d'urbanisme, revient à se moquer du monde.
Ne rien prévoir ou presque pour le stationnement alors déjà que le jardin d'acclimatation, à immédiate proximité, est cerné par les véhicules tous les week-ends et que la fondation LVMH attirera encore davantage de public relève également de l'irresponsabilité. Sélectionner ce projet dans l'opacité la plus complète, prendre les citoyens par surprise en annonçant le résultat quand les choses sont ficelées : la méthode n'est pas acceptable.
Le bâtiment de Gehry aurait parfaitement sa place aux Batignolles ou à Masséna, plutôt que les logements clientélistes que Delanoë veut y construire. On aurait même pu envisager qu'un équipement culturel de grande qualité soit implanté aux Halles, plutôt que le mastodonte laid et inutile dit Canopée. Enfin, il y a bien sûr la Samaritaine, propriété de LVMH. Mais pas le bois de Boulogne ! C'est le seul grand espace vert à peu près intact de Paris et il faut le préserver absolument.
En réalité, si Delanoë a laissé faire et même poussé les feux sur cette opération c'est justement, qu'après avoir capitulé en rase campagne dans le dossier des Halles en enterrant le magnifique projet de Koolhaas, il avait été critiqué pour son manque de courage et le passéisme de ses choix architecturaux. Il lui fallait donc offrir un démenti quelque part et le bois de Boulogne présentait l'avantage de ne pas abriter de riverains immédiats.
A travers la soi-disant audace du projet LVMH, on perçoit donc en réalité les reflets d'une lâcheté.
Maintenant, les associations victorieuses devant le Tribunal administratif ne doivent se faire aucune illusion : ils se heurtent à des gens riches et puissants qui essaieront à toute force de faire prévaloir leurs intérêts sur l'application stricte du droit.
Déjà, Hidalgo et Delanoë multiplient les sornettes sur le préjudice majeur que la non-réalisation du projet ferait courir à Paris et la nécessité de suspendre l'application du jugement. Tout cela afin de lancer une nouvelle enquête publique, changer le règlement d'urbanisme et atteindre le point de non-retour sur le chantier. Notre ville, qui comporte déjà le plus grand nombre de musées et fondations d'art au monde, n'est en rien confrontée à une urgence en ce domaine et peut parfaitement attendre quelques années de plus que d'autres terrains soient trouvés pour y implanter la fondation LVMH. Ce projet, entièrement financé par le privé, ne présente pas d'intérêt public tel qu'il puisse justifier le sursis à exécution d'un jugement. En revanche, l'atteinte portée au bois de Boulogne serait irrémédiable.
Il faut donc soutenir la Coordination, dans cette affaire comme dans celle des serres d'Auteuil.