Ratification du Traité Européen ou le miroir aux alouettes
Publié le 21 janvier 2008 par Christophe Laurent
Nicolas Sarkozy, en sa qualité de président de la République, réunira bientôt, le 04 février 2008, l’Assemblée Nationale et le Sénat à
Versailles pour une réunion extraordinaire du Congrès en vu de modifier la Constitution de 1958 et de faire ratifier le projet de traité constitutionnel européen. Alors que beaucoup de citoyens
pensaient et pensent encore que l’enjeu de ce nouveau traité européen aurait du être un projet partagé avec les citoyens, le séisme politique causé par le refus du Peuple français suivi par le
Peuple hollandais de ratifier la version proposée conduit semble-t-il les femmes et les hommes politiques – en tout cas ceux qui en font leur métier – à se couper encore un peu plus du Peuple et
des citoyens. Ainsi, les citoyens français n’auront pas à de déplacer dans l’isoloir pour manifester leur volonté politique puisque comme la Constitution l’y autorise Nicolas Sarkozy, en sa
qualité de chef de l’Etat a choisi la voix de la démocratie représentative. Le motif en est qu’il s’agit de sauver l’Europe de gré ou de force, et ce au risque de rendre cette institution encore
plus mal comprise et mal aimée aux antipodes du projet initial, de cette volonté des pères fondateurs de l’Europe qui avaient formé le rêve fou à leur époque d’un continent européen en paix.
Aujourd’hui, nous avons la paix, ou presque, mais n’avons-nous pas perdu l’essentiel ? N’avons-nous pas perdu le sens du pourquoi nous faisons cela ? Pourquoi bâtissons-nous une Europe
toujours plus grande et plus forte ? C’est bien parce que les femmes et les hommes politiques – je parle ici essentiellement de la situation française – n’ont eu de cesse d’utiliser au
niveau national cette institution l’Europe comme d’un bouc émissaire. De droite ou de gauche – et pas seulement les extrêmes – les partis politiques nationaux ont préféré au mieux ignorer la
création de cet Etat Européen et au pire s’en sont servi pour leur stratégie partisane. Le résultat est aujourd’hui édifiant. Souvenez-vous, c’était le 09 mai 2004 lors du Conseil National de
l’UMP, Nicolas Sarkozy, comme fait un discours qui magnétise et qui emporte l’adhésion de la salle.
Souvenez-vous : « l’Europe, c’est le
partage consenti d’une souveraineté. Et la souveraineté, c’est le Peuple. A chaque grande étape de l'intégration européenne, il faut donc solliciter l’avis du Peuple sinon nous nous couperons du
Peuple ! »
Seulement voilà quelques années ont passé, et le pragmatisme – ah, il a bon dos celui-là – l’emporte sur les beaux principes ! Nos
[ir]responsables politiques, après avoir tant d’années durant vitupéraient contre l’Europe à qui mieux mieux au lieu de d’en faire la pédagogie, n’ont-ils pas conscience que ce n’est pas en
bâtissant l’Europe à l’encontre du Peuple et des citoyens que leur action ne conduit qu’à éloigner encore un peu plus l’Europe des citoyens. A droite, sous la houlette directive de Nicolas
Sarkozy, un seul mot d’ordre est autorisé, la ratification par le Congrès c’est mieux pour tout le monde ! Quel bel exemple de démocratie ! A gauche, c’est pire dira-t-on [quoique entre
la solution de l’unanimisme et celle de la pagaille je préfère encore la seconde, au moins on peut parler …]. Les « nonistes » ont vu là une belle occasion de se faire entendre et qui
plus est contre le président de la République dont se targue de profiter de son trou d’air dans les sondages [comme si il y avait des ascenseurs dans ces domaines !], et François Hollande a
cru bon de faire du zèle alors qu’il devrait démissionner prochainement de son poste de secrétaire national.
Face à tant d’incohérences dans l’action politique, on peut se demander si les femmes et les hommes politiques cherchent vraiment à gagner la
confiance des citoyens ou s’ils ne se contentent pas de jouer au miroir aux alouettes. Voilà donc un traité que l’on dit simplifié
[en réalité illisible pour les profanes que nous sommes] pour mieux masquer aux citoyens qu’il est en fait une quasi copie conforme de celui que les citoyens avaient rejeté il n’y a pas si
longtemps que cela.
L’auteur du Blog Citoyen tient à signaler qu’il n’est pas tenant de la position selon
laquelle il faut défendre l’idée qu’un référendum doit être organisé avec l’arrière-pensée que le non l’emporte. Au contraire, pour ceux qui ont lu quelques articles sur le Blog Citoyen constateront aisément que je suis un européen convaincu et que s’il devait y avoir un référendum sur le traité européen, l’auteur voterait oui !
Il est seulement aberrant que les inconséquences de nos responsables politiques conduisent certains d’entre eux à se dire qu’il est préférable d’extorquer un peu de ce droit à démocratie aux
citoyens. Il semble encore une fois que le calcul politique vise à très court terme.