Alors que notre surdoué de président s’apprête une fois de plus à jeter par la fenêtre des sommes inimaginables, qu’il ferait bien mieux de laisser aux Français pour qu’ils puissent entreprendre, investir et travailler de façon sensée, dans le cas qui nous intéressent ici €10 milliards, pour une technologies aux résultats aussi mauvais qu’incertains, il est temps de se tourner vers une expérience semblable déjà menée à grande échelle, celle de l’Allemagne.
Notre voisin d’outre Rhin a déjà investi des sommes importantes, autant que regrettables, dans de tels projets, et voici ce qu’il en est advenu.
L’Allemagne, spécifiquement, est prise dans les affres d’un gâchis dans le domaine de l’éolien, auquel le monde entier devrait prêter attention. La leçon à en tirer est que de tels forçages énergétiques apportent dans leur besace des risques technologiques qui doivent être pris en compte dans l’équation des politiques publiques.
Gâchis en Mer du Nord
À peine deux mois après la cérémonie d’inauguration du premier champ éolien offshore pilote, »Aplha Ventus », en Mer du Nord, toutes les 6 éoliennes nouvellement installées étaient complètement à l’arrêt, du fait de dégâts dans leurs boîtes de vitesses. Deux d’entre elles doivent êtres remplacées. Les quatre autres doivent être réparées.
Les amis du projet, spécialement le ministre allemand de l’environnement, parlent de « problèmes de rodage ». Mais c’est beaucoup plus sérieux que ça, car les éoliennes au large sont extrêmement coûteuses pour les consommateurs d’électricité, même quand elles fonctionnent sans accroc. Quand ce n’est pas le cas, le problème s’intensifie. L’Allemagne pourrait subir des coupures de courant, un nouvel âge d’obscurantisme.
Les pannes d’Alpha Ventus créent une pression intense pour Areva Multibrid, une filiale de la compagnie nucléaire française semi publique Areva. Chaque jour d’arrêt de ces onéreuses éoliennes sur leurs tours géantes, sans produire le moindre kilowatt heure d’électricité, représente une perte de revenu.
L’économiste de l’environnement et météorologue Thomas Heinzow, de l’Université de Hambourg, a estimé la perte de revenu de l’opérateur à €5.000 par jour et par turbine. Ce qui insuffle encore plus de consternation chez Areva est la peur, certainement pas déraisonnable, que les investisseurs déjà nerveux pourraient se refroidir et partir placer leurs deniers sous des cieux plus cléments.
En fait, Areva Multibrid, Areva, et les ingénieurs en construction, peuvent se considérer chanceux que la Mer du Nord ait bien voulu rester relativement calme, grâce à la vague de chaleur estivale. Installer des éoliennes et leurs ailes se fait par plateforme d’élévation spéciale, une entreprise délicate même dans les circonstances les plus favorables. Avec une force de vent un tant soit peu au dessus de beaufort 3, soit une douce brise de 10-13 km/h, le boulot devient carrément risqué.
Les six éoliennes Areva Multibrid s’élèvent à 85 mètres au dessus des vagues. Leurs lourdes ailes ont un diamètre de 116 mètres. Chaque éolienne pèse 1.000 tonnes, y compris leur base tripode, qui s’élève du fond marin 30 mètres sous la surface des eaux fameusement frigides et rudes de la Mer du Nord.
Imaginez devoir désassembler, puis reconstruire, un de ces monstres dans des conditions autres qu’une mer d’huile.
La bonne nouvelle, c’est qu’Alpha Ventus comprend aussi six éoliennes encore plus grosses, fournies par l’entreprise anciennement allemande REpower, désormais passée sous le giron de l’indien Sulzon Corporation. Celles là ont jusqu’ici fonctionné sans accroc. Néanmoins, il y a suffisamment d’autres questions associées avec le fait d’opérer des éoliennes en mer pour que des frissons vous en parcourent l’échine.
Les coûts élevés subsistent
Des éoliennes monstres données pour 5 mégawatts de production maximum d’électricité reviennent très cher même quand – et peut-être spécialement quand – elles tournent à plein régime. Parce que chacune d’entre elle coûte €4.000 par mégawatt en investissement avant même le démarrage, les législateurs européens ont décrété que leurs opérateurs doivent se voir récompensés d’une incitation de 20 cents pour chaque kWh produit en mer !
De ce fait, le consommateur européen doit payer 20 cents par kWh produit, plus 5 cents supplémentaires pour les coûts de transmission. Ils doivent payer ça, qu’ils aient ou non besoin de cette électricité à ce moment là, et ce malgré le fait qu’un kWh d’électricité éolienne vaut moins de 3 cents sur le marché d’échange de l’électricité de Leipzig, du fait de la nature intermittente et hautement variable du vent.
Autres problèmes
Plus fou encore, quand de forts vents génèrent d’énormes quantités d’électricité et que la consommation est basse, les marchés d’échanges doivent vendre cette électricité à perte, pour persuader les acheteurs d’acheter ces excès de production.
Pour le moment, les acheteurs les plus courants sont les opérateurs autrichiens de stockage par pompage, qui utilisent de l’électricité éolienne pour pomper de l’eau dans des lacs de retenue en montagne, pour pouvoir ensuite l’utiliser dans des barrages hydrauliques au moment des pics de demande, et vendre cette électricité à des prix surélevés.
Heinzow calcule que l’équivalent en eau du Lac de Constance, soit 55 kilomètres cubes, doit être pompé sur une hauteur de 350 mètres, juste pour absorber la discontinuité de l’offre et de la demande des éoliennes qui sont déjà planifiées pour la Mer du Nord et la Baltique. À part cela, il n’y a que deux autres options.
Problèmes de renforts.
L’une d’elles, ce sont les turbines à gaz, fonctionnant comme générateurs de secours, qui peuvent fournir de l’électricité quand les vents ne soufflent pas à des vitesses utiles. Mais à moins que les développements en gaz de schistes ne continuent à un rythme soutenu, ça ne ferait qu’augmenter la dépendance de l’Europe vis à vis du gaz russe. Ça aurait aussi pour autre résultat un mauvais rendement pour l’utilisation du gaz, comme les générateurs doivent faire monter et baisser leur puissance chaque fois que change la force du vent.
L’autre option, ce sont les centrales nucléaires. Celles à hautes performances peuvent faire varier leur puissance pour remplacer la production hautement variable des champs éoliens, mais ça réduit leur rendement et entraine le fait que les barres de combustible se consument de façon irrégulière. C’est un souci sérieux, parce qu’un haut rendement est ce qui permet avant tout au nucléaire de justifier ses coûts de capital très élevés. Un souci encore plus important est que le gouvernement allemand n’a toujours pas inversé sa décision de sortie du nucléaire.
Ai-je mentionné la transmission ?
Cependant, le manque de capacité de secours pourrait bien être un problème de relativement peu d’importance. On a besoin d’investissements de milliards d’euros en lignes de transmissions pour livrer la coûteuse électricité éolienne de sites en mer au Nord de l’Allemagne, à de gros utilisateurs industriels qui se trouvent à des centaines de kilomètres de là. Mais la résistance à l’installation de nouvelles lignes à haute tension est forte et continue de grimper.
Une loi de Basse Saxe rend déjà obligatoire les lignes enterrées dans certaines zones. Mais elles sont 10 fois plus chères que les lignes classiques à l’air libre, et moins fiables, du fait d’assauts constants de l’eau, du sel, et de la vie des animaux sous-terrains.
Un pays plus sombre ?
En un mot comme en cent : les Allemands doivent se préparer à des tarifs d’électricité beaucoup plus élevés, et à des coupures de courant plus fréquentes.
« Si tous les projets éoliens allemands sont réalisés selon les plans existants, le pays devra subir une perte économique bien supérieure à €100 milliards d’ici à 2030″, dit Heinzow. « Le seul mot pour décrire cette stratégie « pour un monde meilleur » est : suicidaire ».
La France (ou tout autre pays) veut-elle vraiment s’engager sur cette pente ?
Un article d’Edgar Gaertner repris de Master Resource avec l’aimable autorisation de ses responsables.
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