Les profils des taux d'inflation des différents pays du G-3 (USA-Europe-Chine) ont connu des évolutions disparates en 2010. Entre la quasi surchauffe chinoise et la désinflation américaine en milieu d'année, l'Europe qui connaît de manière classique des amplitudes moindres, a retrouvé peu ou prou le rythme d'inflation qu'elle connaissait avant l'éclatement de la crise, c'est à dire aux alentours de 2 %.
Le marché obligataire européen est resté relativement serein face aux risques. C'est à dire tout d'abord face aux pressions désinflationnistes centrées sur les données sous-jacentes (prix hors alimentation et énergie) puis inflationnistes après le coup de fouet monétaire de la Fed et de la hausse des matières premières.
Les anticipations d'inflation selon le point mort d'inflation qui mesure le différentiel entre taux des obligations à taux fixes et les obligations ont certes connu des variations en fonction de ces différentes pressions au cours de l'année mais de manière nettement plus mesurée qu'aux USA ou qu'en 2008. Les anticipations d'inflation du marché aujourd'hui sont revenues sur leur base de long terme aux alentours de 2 % (Source : AFT)
Entre pressions à la baisse qui caractérisent les marchés matures en proie aux difficultés du désendettement et les pressions à la hausse des matières premières sur les marchés internationaux, l'Europe est donc dans une voie moyenne face aux 2 autres géants.
Le taux d'inflation globale futur va dépendre pour une bonne part de la manière dont les prix à la hausse des matières premières arrivent à se répandre au sein de l'économie.
→ Quelles sont les forces en présence ?
Les prix à la production se rétablissent péniblement après le choc de la récession. Qui plus est les efforts de productivité menés par les entreprises montrent un coût du travail toujours en baisse au dernier trimestre 2010 (cliquer sur les courbes pour agrandir)
Les prix des matières premières libellées en euros remontent à peine à la surface mais la pression sur les matières premières non-énergétiques (agricoles et métaux notamment) est forte.
« Ce dernier point est une excellente potion anti-déflation dans le contexte occidental actuel » Nous en étions restés là au cours de l'automne avec des conséquences à suivre sur les taux d'inflation globale qui ont donc depuis commencé assez logiquement à s'élever un peu.
→ Comment tout cela se transmet-il pour la suite ?
Selon l'enquête préliminaire (Indices Flash) de Markit pour janvier auprès des directeurs d'achat en Europe, les entreprises sont prises entre 2 feux.
Le prix des achats des matières atteignent un record historique. Cependant, s'il n'est pas anormal d'observer des variations de prix supérieures dans le secteur manufacturier par rapport aux services plus lent, le delta s'accroît entre les 2. Les pressions à la hausse sont en net retrait pour l'activité principale des services.
En terme de prix de vente, l'inflation des prix en sortie d'usine rejoint le niveau d'août 2008 mais la hausse de l'ensemble des prix facturés ralentit notamment en raison de tarifs à nouveau en baisse dans le secteur des services (<50) La répercussion des coûts sur le consommateur est beaucoup plus lente et faible. En conclusion, les taux d'inflation globale des prix à la consommation vont continuer à se rétablir mais avec des progressions qui restent encore très mesurées en moyenne.