Dès 2011, les proviseurs des lycées et principaux des collèges auront droit à une rémunération supplémentaire s’ils affichent de bons résultats. Une mesure controversée
Signé entre le Ministère de l’éducation et trois syndicats (SNPDEN-Unsa, I&D [Indépendance et Direction] et le Sgen-CFDT), l’accord fait bondir plusieurs syndicats enseignants.
6 000 euros tous les trois ans
À compter de cette année, les chefs d’établissements pourront toucher une prime qui s’élèvera à 6 000 euros tous les trois ans s’ils sont bien évalués. Révélée par RTL et confirmée par le Ministre de l’éducation, cette annonce provoque du remous dans un contexte difficile. En outre, les syndicats enseignants dénoncent un gel des salaires et des suppressions de postes. Cette prime, qui concerne les proviseurs, amis pas les directeurs d’école qui n’ont pas le même statut, est perçue comme le bonus de trop. Luc Chatel a de son côté estimé qu’il s’agira, avec cette prime, de « mettre en place des contrats d’objectifs et de performance, et ensuite évaluer à partir des résultats de ces contrats ». Pour l’association lycéenne RNL (Réformons nos lycées, plutôt à droite), l’idée est bonne : « Ce projet c’est une solution efficace pour que les chefs d’établissement s’investissent à 100 % et parvenir à un cercle vertueux de concurrence positive entre les établissements. Cette « concurrence » revendiquée par notre association depuis notre création profitera directement aux élèves qui bénéficieront du dynamisme retrouvé des chefs d’établissement » note Tristan Maupoil, Président de RNL.
« C’est une rémunération à la servilité »
Certains ne sont pas de cet avis. Daniel Robin du Snes, principal syndicat d’enseignants, est vigilant sur cette notion de résultat, comme il l’explique au micro de RTL : « ce n’est pas un bon signe pour l’avenir des relations entre les chefs d’établissement et les enseignants, parce que cette prime au résultat, qui ressemble étrangement à celle dont bénéficie les recteurs depuis quelques semaines, c’est un encouragement pour les chefs d’établissements à faire passer le mieux possible les suppressions d’emploi dans leur établissement. C’est-à-dire qu’on est dans une logique de perte de pouvoir d’achat pour l’ensemble des fonctionnaires, et puis des dépenses au mérite à la tête du client. C’est une rémunération à la servilité ». Pour beaucoup, cette mesure risque de faire naître des tensions entre les professeurs et les proviseurs. Perçus comme les alliés du ministère et des politiques contestées, les responsables risquent d’apparaître comme des « traîtres » qui feront tout pour avoir leur prime.
La FSU, première organisation syndicale en France de l’enseignement, appelle à une journée de manifestations et de grèves dans l’éducation nationale le 10 février prochain pour « l’avenir de l’école ».
Lauren Clerc