A propos de Les petits mouchoirs de Guillaume Canet 3 out of 5 stars
A Paris, une bande de potes trentenaires décide de partir, comme convenu, en vacances au Cap-Ferret malgré l’accident grave de moto survenu à leur ami Ludo avec qui ils devaient partir.
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour aller voir Les petits mouchoirs ? Pourquoi ne pas confier honnêtement le préjugé qui persistait quant à l’idée d’aller voir le troisième long-métrage de Guillaume Canet ? Une appréhension tenace quant à la valeur intrinsèque et l’intérêt de Les petits mouchoirs, comme la certitude d’assister à la description complaisante d’un monde de « bobos » aux préoccupations très éloignées des réalités sociales et des problèmes du monde contemporain. Mais les succès populaires des films (plus de 5 millions de spectateurs pour celui-ci à ce jour) font toujours changer d’avis et finissent par avoir raison des cinéphiles les plus récalcitrants.
Et même si les personnages du film de Canet sont un brin « sophistiqués » et « parisiens », force est de constater que le film est très drôle paradoxalement dans le drame qu’il décrit. Mais sa réussite est en grande partie liée à la performance de François Cluzet (Max), quinquagénaire survolté et invivable, constamment sur les nerfs et incapable de se maitriser. Faisant vivre aux autres membres de la troupe (sa femme en premier, jouée pat Valérie Bonneton) un véritable enfer qui finit par les faire rire tant il devient grotesque et pathétique.
Les dons d’acteur de Cluzet ne sont plus à prouver mais rarement il aura trouvé dans ce rôle de restaurateur une expression aussi aboutie de son talent et sa puissance dramatiques. Cluzet est drôle de bout en bout malgré la chape de plomb qui pèse sur la tête de cette bande d’amis suspendus au téléphone pour avoir des nouvelles de leur ami cloué sur un lit d’hôpital (Ludo est joué par Jean Dujardin).
Les petits mouchoirs en profite pour faire le portrait psychologique de ces personnages entre deux âges, plus proches de la quarantaine que de leurs trente ans, qui ont tous plutôt réussi professionnellement mais dont les histoires d’amour partagent un certain échec sentimental. L’étude de caractère est assez fine comme les « vacheries » que ces amis s’envoient. Antoine (Laurent Lafitte) est un grand enfant immature et « bassine » les autres avec sa Juliette qu’il essaye de reconquérir. Eric (très bon Gilles Lelouche) se rend compte trop tard qu’il s’est fait larguer par la seule femme qu’il n’ait jamais aimée. Vincent (Benoit Magimel) est marié, deux enfants mais s’est découvert une attirance étrange pour Max à qui il déclare sa flamme, ce qui a le don de rendre le restaurateur encore plus à bout et hors de lui.
Le seul hic tient à la présence de Cotillard au générique, dont le personnage est d’ailleurs beaucoup plus superficiellement traité voire stéréotypé. « Tête à claques », entre ses remarques lascives sur ses voyages en Asie (« ça m’apaise ») et ses poses adolescentes, un pétard à la main. Sa mollesse agace, mais ce sont surtout ses répliques (« je voulais te dire que t’étais une belle personne » ou autre « je te souhaite un merveilleux chemin ») qui sonnent constamment faux.
On préfère des personnages plus simples et plus profonds, plus naturels, comme celui de l’îlien Jean-Louis (Joël Dupuch) qui fait contrepoint avec le personnage horripilant de Cotillard. Le rythme effréné du film, les répliques cinglantes d’un Max constamment au bord de l’implosion concourent à la réussite de ce film qui, si l’on enlevait la chute et la scène très émouvante à la fin à l’église, aurait tout d’une parfaite comédie psychologique. Avec en toile de fond, un portrait bien senti comme le choix des musiques) de trentenaires et d’une génération très contemporains.