Trahi par mon éditeur (Lettre ouverte)

Publié le 25 janvier 2011 par Antoine Dubuquoy

C'est un éditeur parisien. Appelons le... Non, ne l'appelons pas. Pour faire court. La boîte est sérieuse, spécialisée dans les ouvrages professionnels... Du lourd. Quand nous nous sommes rencontrés, nous étions plein de cet enthousiasme naïf. Surtout moi. Publier un livre, à 46 ans. Moi, un homme du papier converti au digital. J'aimais l'idée de ma main caressant la couverture brillante de l'ouvrage, dont j'espérais qu'il puisse devenir une référence. En toute immodestie. Mon livre, mon premier. Un ouvrage pro consacré à un sujet qui me passionne, l'identité numérique, comment la maîtriser, comment la construire.

Lettre ouverte à celui qui me plante au milieu du gué, sans encore me l'avoir annoncé officiellement.

"Cher Monsieur,

J'ai eu l'occasion de rencontrer, au gré de mes pérégrination professionnelles, dans les médias, dans la publicité, en France comme à l'étranger, des gens sympathiques, d'autres moins. Des gens complexes, des caractériels, des colériques, des politiques, des roublards, des plus ou moins courageux, des manipulateurs... Dans l'ensemble des gens qui avaient malgré tout la capacité de dire non. Parfois en face, parfois par des voies détournées, mais pour l'essentiel dans un délais raisonnable. car le temps est précieux. Nous le savons tous. Time is money, autant ne pas le gaspiller afin de nous consacrer à l'essence de nos activité, de nos passions.

Aujourd'hui, votre silence éloquent à mes requêtes et demandes d'explications, me fait comprendre que nos chemins se séparent. Que vous n'irez pas jusqu'au bout du processus de publication de l'ouvrage dont je vous ai proposé le texte. POur lequel nous avions signé un contrat. Mais jusqu'au bout, vous m'aurez fait croire que vous étiez déterminé à le faire paraître. Quitte à me l'affirmer en face à face dans votre bureau en ce début janvier. Quitte à me parler édition électronique, plan marketing. Quitte à me donner un échéancier. A m'affirmer que 2011 ne ressemblerait pas à 2010. Jusqu'à ce que, n'ayant pas de nouvelles, n'ayant toujours pas vu la version corrigée de mon texte et vos souhaits de modifications, l'on me laisse entendre que vous n'aviez probablement aucune intention de publier mon livre.

Une question me taraude: pourquoi, à l'heure des licenciements et ruptures amoureuses par sms, n'avez vous pas interrompu le processus plus tôt? Je vous en avais fourni, sur un plateau un prétexte, un mail au ton très abrupt dans lequel je m'interrogeais sur l'a durée de l'invraisemblable processus éditorial auquel vous vous livriez sur lequel je n'avais aucune visibilité. Rien. Vous me répondites sur ce même ton bonhomme, un peu compassé, caractéristique de vos correspondances. Tout est sous contrôle, laissiez vous entendre. Je vous ai fait confiance, vous étiez l'éditeur. Je n'avais pas la prétention de vous apprendre votre métier. Chacun son savoir-faire.

Une autre question me taraude: pourquoi nous avez-vous fait perdre notre temps, à moi, et à celui  dont vous aviez validé l'idée de lancer une collection de livres co-brandés? Lui aussi s'est fait rouler dans la farine. Mais lui est un ami, qui avait eu l'amabilité de me proposer de rédiger le premier livre de cette collection. Nous sommes deux à nous sentir floués. A vous avoir fait confiance, et nous sentir aujourd'hui trahis. Il eût été tellement plus simple d'arrêter le processus. De faire preuve de professionnalisme.

Il est un autre point qui me chagrine. Dans l'élaboration du livre, j'avais sollicité des témoignages destinés à apporter un éclairage à la problématique du personal branding. Ils s'y sont prêtés avec enthousiasme. Je les en remercie. Ils ont joué le jeu, eux. Et je les crois eux aussi consternés du peu de cas que vous faites d'un travail qui m'a pris plusieurs mois.

Je me remémore un verbatims formulé par un de vos collaborateurs. Vous souhaitiez parait-il un livre "à l'américaine". Je connais bien les Etats-Unis, et me permets de conclure cette missive par un constat: rêver de livres "à l'américaine", c'est sympathique. Encore faudrait-il de votre côté adopter des méthodes "à l'américaine" pour optimiser vos processus de publication. En clair, un seul mot pour résumer: EFFICACITE...

Voila c'est dit. 

Je ne vous dis rien de mes intentions, n'ayant pu percer le mystère des vôtres.

Assez peu cordialement,

"