Polar - Editions Points (Métailié) - 348 pages - 7 €
L'histoire : Tout commence par la découverte sur un chantier d’un squelette vieux de soixante ans par le commissaire et son équipe. De qui s’agit-il ? Pourquoi l’avoir enterré là ? Au même moment, Erlendur apprend que sa fille est plongée dans le coma à l’hôpital. Pour la soulager, sur les conseils du médecin, il lui raconte son enfance de petit paysan et la quête de vérité qui l’anime… Entre les événements du passé et ceux du présent, comment nouer les fils d’une enquête bien mystérieuse ?
Tentateur : La blogo et réputation de l'auteur
Fournisseur : Les étagères d'Yza, merci pour le prêt !
Mon humble avis : Et bien.... Si je m'attendais à un sujet aussi dur, je pense que j'aurais lu ce livre à un autre moment. Mais ce qui est fait est fait . J'aurais pu refermer le livre ? Non, certainement pas, car lorsque Indridason vous prend dans ces filets, vous n'en sortez plus. Et "La femme en vert" confirme grandement la réputation de l'auteur. Et pourtant, c'est un livre sans grands effets, sans actions, sans coups de feu. Pas de psychopathe ni de Sérial Killer. Juste un squelette dont on ne sait même pas s'il résulte d'un meurtre ou des aléas de la vie en Islande. Et pourtant, Indridason nous emmène dans les plus bas fonds de l'âme humaine qu'il m'ait été donné de cotoyer par la lecture me semble -t-il. Car il s'agit ici d'une violence particulière et banalisée et même pas réprimée à une époque. Une violence dont on dit qu'elle fait une victime par jour en France. Une violence qui pourrait s'abattre sur votre voisine, votre soeur, votre amie ou vous même, sans que personne n'en sache rien ou n'y prête attention, ou n'ose bouger. La violence conjugale. A l'extrême. Celle qui bat le corps et assassine l'âme. Nous assistons à cela. L'auteur nous fait pénétrer au coeur de ce modeste foyer islandais. Et là, à plusieurs reprises, on retient notre souffle. On rentre la tête dans les épaules, on aimerait que notre regard fuit ces scènes insupportables de violence physique et psychologique...
Deux narrations parallèles dans ce livre... L'histoire d'une femme, appelée "elle" ou "la mère" ou "leur mère" et de ses enfants face à la brutalité de l'homme. On réalise ensuite que cette histoire ne date pas d'hier et qu'elle pourrait avoir un lien avec ce squelette découvert et daté des environs de la 2ème guerre mondiale.
Et à côté, nous avons Erlendur et son équipe qui mène une enquête qui devient presque secondaire dans ce livre. Tant nous importe plus le sort de l'autre famille et celui d'Eva Lind, fille de notre inspecteur, plongée dans le coma suite à... à quoi, une overdose ? Une fausse couche ? Et là, l'auteur nous passionne dans ces difficiles rapports humains qu'il décrit ici avec brio et pudeur en même temps. On en sait un peu plus sur Erlendur, homme brisé et solitaire qui a fui
sa famille. Je suis fatiguée des flics désabusés et alcooliques, qui sont devenus comme tels à cause d'un métier prenant et des atrocités qu'ils côtoient. Erlendur n'est pas de ceux là. Sa blessure vient de bien plus loin et le rend différent à mes yeux, très touchant, fragile. J'ai envie de le connaître mieux. De le suivre dans sa relation paternelle plus que tendue et difficile.
Bien sûr, les deux époques et les deux récits vont se rejoindre, ce n'est pas un secret de polichinelle. Quand, comment ? Quelques fausses pistes et pas mal de suspens plus tard... Ce n'est comme on l'imagine. Et c'est là que l'on ne peut que s'incliner devant un tel talent d'écriture. Plus qu'un polar : un roman très noir, ou prime les émotions et la révolte de chacun, le tout, dans une atmosphère glaciale, celle de l'Islande d'Indridason. Et grâce à de tel livre, on apprend qu'il n'y a pas que des volcans en Islande.
Du même auteur sur ce blog : La cité des Jarres
L'avis de Keisha