Cela fait plus d’une semaine que je déambule dans diverses expositions sans y trouver « le petit truc en plus » qui me donnera envie de vous en parler.
Dimanche matin, un peu à court d’idées, le nom d’un musée revient à mon esprit, celui de la chasse et de la nature. Ce dernier a beaucoup fait parler de lui il y a quelques années car il a pris feu et a été entièrement dévasté puis restauré, une réussite selon la presse et les visiteurs.
Une des salles de l'exposition temporaire avec la cheminée fictive
Pleine d’espoir, je pénètre dans la première salle de l’exposition temporaire…
Tentures vertes, marbre, consoles et tableaux Grand siècle… C’est en s’approchant des murs que le mystère (oui il y en a toujours un) de cette muséographie est levé. Tout est factice ! Les rideaux en épais velours rouge sont en carton tout comme la cheminée au marbre veiné. La tenture verte est un papier peint.
Autre détail attirant l’œil du curieux : la façon dont les toiles aux imposants cadres baroques sont suspendues, avec d’énormes cordages. Technique on ne peut plus singulière à une époque où les éléments servant à l’accrochage des œuvres doivent être totalement invisibles.
Attention, ne vous y trompez pas, les canapés d’époque sont bien réels mais des chardons en interdisent l’usage, excellent remède contre les sempiternels cartels disant « vous êtes priés de ne pas vous asseoir ». Voici un signe, il y a de l’humour dans ce musée et ce n’est pas négligeable tant elle est absente de la plupart.
Impatiente de faire de nouvelles découvertes, me voici déjà dans les collections permanentes. J’ai tout de même eu le temps de remarquer que l’ensemble des éléments du mobilier du musée est en bronze et a été réalisé par des artistes qui y évoquent la faune : rampes en écaille, lustres et appliques en défenses de cerfs, pans de mur entier d’où émergent des têtes de loup ou bien encore des oiseaux.
Les accessoires sont aussi très bien mis en valeur, ainsi les plus fétichistes d’entre nous découvriront d’énormes colliers de chiens qui les feront pâlir d’envie.
Je vous recommande vivement de vous rendre dans le cabinet du salon du sanglier. (Hé oui chaque espace porte un nom d’animal, au musée de la chasse et de la nature on va jusqu’au bout et on assume, d’ailleurs sur la porte des bureaux du personnel on peut lire : « chasse gardée » !) Le plafond de cette étroite pièce est recouvert de plumes et de têtes de chouettes, celles-ci jouant le rôle de clef de voute. Une pièce aussi belle qu’étonnante signée de l’artiste Jan Fabre. Ce cabinet regroupe bon nombre d’œuvres d’artistes contemporains comme Jean-Michel Othoniel et Sophie Lecomte avec ses fumées de licornes : l’effet cabinet de curiosité est à son comble : un régal !
La salle à ne surtout pas manquer est celle des trophées. De multiples têtes d’animaux exotiques comme le lion, le buffle, ou le gnou sont exposées en hauteur pendant qu’en dessous défilent les plus travaillés des fusils (pierres incrustées, ciselages en arabesque…), je vous le disais, au musée de la chasse et de la nature on a de l’humour !
Soudain un grognement résonne, je mets quelques secondes avant de comprendre qu’il provient du phacochère blanc sur la droite.
Une expérience fascinante à vivre mais grotesque à raconter.
Je m’arrête donc ici et vous conseille plus que vivement de visiter ce bijou du bizarre, cet ovni du monde muséal.
Musée de la Chasse et de la nature
60 rue des archives
75003 Paris
01-53-01-92-40
Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h
Exposition temporaire : Georges de Lastic, le cabinet d’un amateur,
7 décembre 2010-14 mars 2011