Euthanasie : halte au faux consensus ! (5) conclusion

Publié le 25 janvier 2011 par Sylvainrakotoarison

Depuis plusieurs années, des militants associatifs font pression sur la classe politique pour légiférer sur l’euthanasie. Au besoin avec un sondage dont on fausse sciemment les conclusions. Un débat au Sénat va avoir lieu et va susciter une nouvelle fois des passions bien peu constructives. Cinquième et dernière partie.
Après avoir introduit le cadre de la discussion du Sénat du 25 janvier 2011 sur l’euthanasie et avoir discuté des principaux arguments, je conclus.
Non à la légalisation de la mort !

Pour résumer, au-delà de considérations purement morales qu’il ne faut pas prendre en compte dans un débat de société car la politique consiste en l’intérêt général et non à imposer une morale personnelle qui, par définition, peut être discutable, il est tout de même bien curieux que la seule réponse que peuvent trouver certains partisans de l’euthanasie à la détresse de certains malades en fin de vie, c’est de leur infliger la mort.

Or, ce n’est pas le fait de vivre qui est en question, mais le fait de souffrir. Abréger les souffrances dans le secret des consciences, c’est aussi garantir la sécurité des personnes.

Si un médecin "aide" un patient à mourir, hors de toute législation, il est vrai qu’il peut être considéré comme un criminel. Et dans ce cas, il peut être jugé. Mais justement, toutes les affaires concernant une réelle euthanasie, où l’acte fut suscité par l’amour sincère et pas par la lâcheté ou d’autres sentiments moins avouables, ont abouti à un non-lieu.

Certains affirment que ces non-lieux sont hypocrites et qu’il s’agirait justement de protéger ceux qui "aident". À mon sens, cette protection juridique serait la brèche irréversible vers tous les possibles : le permis de tuer (car il s’agit bien de cela), une fois le concept établi, n’aura aucune raison de s’arrêter en si bon chemin.

L’absence de légalisation évite justement les abus. Quand il y a doute, il y a un procès. Et la Justice prend toujours ses décisions sur un cas particulier, jamais, comme la loi, sur un cas général. Les tribunaux doivent condamner sévèrement les assassins (seul un juge peut trancher entre un acte d’amour et un empoisonnement).

De l’euthanasie à l’eugénisme, il y a peu de distance. Déjà, Alain Minc considérait les soins des très vieux comme un boulet pour la société.

C’est aussi la relation de confiance entre le médecin et son patient qui serait à terme cassée. Qui pourrait assurer que le médecin ne conseillerait pas l’euthanasie comme solution la plus simple à des maladies incurables quand il manque tant de lits dans les services de soins palliatifs ?

Sous le prétexte d’une liberté individuelle, une logique comptable va rapidement se profiler. On l’a vu avec Alain Minc. D’autres en rajouteront avec les déficits publics colossaux.

Enfin, comment peut-on aborder l’année 2011 avec une loi sur l’euthanasie alors que le débat sur la dépendance est organisé pour aider justement à rendre autonome, financièrement du moins, toutes les malades déficients qui souhaiteraient encore vivre, et vivre dans les meilleures conditions ?

Des mouvements catholiques ne mâchent évidemment pas leurs mots sur l’euthanasie. Pour eux, c’est un manquement total aux valeurs qui fondent l’humain.

Leur argument paraît recevable : « L’euthanasie, c’est le déclin d’une société incapable de pitié envers ses malades, le déclin d’une société de consommation et de jouissance impuissante devant la souffrance devenue taboue ».

Et ils poursuivent ainsi : « La bonne attitude face à la mort, c’est la générosité, le dévouement, le secours au malades par les soins, l’affection de leur entourage. De nombreux services de soins palliatifs existent et prouvent qu’aborder la mort sereinement et de manière apaisée est possible. ».

En somme, ce débat est un véritable choix de société : entre l’individualisme froid du citoyen prêt à tuer son grand-père "pour lui faire plaisir" et la compassion courageuse du proche prêt à l’accompagner avec affection pour lui permettre de partir dans la sérénité et l’apaisement.

Et c’est là que le consensus devrait se situer.
Pas ailleurs.

Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (21 janvier 2011)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :

Texte exact qui sera débattu le 25 janvier 2011 au Sénat.
Alain Minc et le coût des soins des très vieux.

Lettre ouverte à Chantal Sébire.

Allocation de fin de vie.

Loi Leonetti du 22 avril 2005.

Rapport du 28 novembre 2008 sur la mission d’évaluation de la loi Leonetti.

Ordre du jour du Sénat du 25 janvier 2011.

Le texte des trois propositions de loi en discussion.

Sondage IFOP du 2 novembre 2010.

(Illustration : Salvador Dali, "Ballerines").