Série événement de 2010, SPARTACUS : BLOOD AND SAND a remis les sandales, les jupes en cuirs et les gladiateurs au goût du jour. Retour sur une première saison époustouflante.
En matière de série historique (disons pour une production s’inscrivant dans le passé), miroir d’une époque très lointaine de notre civilisation, à part ROME il y a quelques années, rien de bien passionnant et de correct en matière de réalisation n’avait réellement été porté sur le petit écran. Et puis SPARTACUS : BLOOD AND SAND s’est rappliqué, diffusé sur des chaînes confidentielles et la série a su s’imposer avec des moyens dignes d’une superproduction hollywoodienne. Mais ça n’est pas seulement par sa dimension blockbuster/péplum que SPARTACUS a fait forte impression : casting physiquement agréable, parti-pris sanguinolent et violent assumé à 100%, extraversion sexuelle débridée sans tabou, réalisation très rythmée alternant action musclée compréhensible ou ralentie,… rarement une série en sandales et en slips n’aura autant foutu une claque à ses téléspectateurs. Mais l’histoire n’est pas en reste. Un guerrier Thrace (le héros de la série musculeusement interprété par Andy Whitfield), qui se fera appeler Spartacus plus tard mais savoir son vrai n’apporte pas grand chose, est un jour trahi alors qu’il mène bataille, par ces mêmes romains qui refusent ses conseils en matière de stratégie militaire. Il verra les siens décimés par des hordes de barbares qu’ils étaient sensés anéantir. Arraché aux bras de sa femme (Erin Cummings), Spartacus va devenir la bête noire du Légatus romain Claudius Glaber (le grand chef militaire, responsable du massacre joué par Craig Parker) qui va chercher à l’éliminer par tous les moyens pour l’avoir défié dans son refus d’obéir. Évidemment, protégé des dieux, Spartacus le chanceux va avoir raison de ses ennemis et se sortir vivant de son exécution. Acheté par le Lanista Lentulus Quintus Batiatus (magistrale John Hannah), faiseur de gladiateurs, Spartacus va être entraîné pour devenir l’un des gladiateurs les plus coriaces de tout l’empire romain, avec la fâcheuse manie de sortir vivant de ses combats. Après des débuts difficiles, Spartacus ayant un problème à respecter l’autorité romaine et aussi parce qu’il est obnubilé par l’espoir de retrouver sa charmante femme, va pourtant finir par embrasser son destin de gladiateur, surhomme faisant la joie des arènes de Capoue en terrassant tous ses ennemis qui lui seront présentés. Les choses seraient aussi banales sans compter sur les histoires parallèles qui se mettent délicatement en place au bout de quelques épisodes (de cette saison 1 qui en compte 13) et qui vont prendre le pas sur la simple destinée tourmentée de Spartacus. Entre les rêves de pouvoir du Lanista Batiatus ses machinations dans l’ombre face à son rival, les infidélités de sa femme sentimentale (troublante et étonnante Lucie Lawless), les rivalités s’instaurant entre les différents gladiateurs, les désirs de célébrité et de liberté de chacun, ce sont des personnages aux personnalités changeantes qui vont se croiser sur ce sable gorgé de sang asséché par un terrible soleil.Spartacus B&S, c’est des scènes de combats très réalistes, bruts, aux déroulements parfois délirants (escalade dans l’horreur cascades plutôt impressionnantes) mais pour le plus grand bonheur de tous. Ce sont des têtes par cargos entiers qui se retrouvent projetés dans les airs. Mêmes si certains relèveront certains anachronismes dans les armes employés ne respectant pas les codes des gladiateurs de l’époque (chaque gladiateur personnage avait ses protections et ses armes, et ne se munissait pas de n’importe quoi), le spectacle est au rendez-vous.
La série peut compter sur son cocktail détonnant que forme les différentes formes de violence. En effet, ultra violente pour l’horreur bien gore de ses combats ou pour les immoralités romaines remises au goût du jour, Spartacus B&S est cruelle par bien des aspects.Le sexe est une part importante des intrigues, tantôt passionné, tantôt complètement déshumanisé. La série oscille entre démonstrations provocantes avec l’intention peut-être de choqué, et reconstitution d’une période dure, dont les mœurs décadentes assumées et les règles de vie n’étaient pas du tout celle de notre civilisation. Ne soyez pas choqué à l’idée de voir un maître empoigné une esclave pour la pénétrer alors qu’il discute avec sa femme, ou des gladiateurs recevoir des femmes en guise de casse croute, ou encore des scènes de sexe sans aucune pudeur tournant parfois à la partouze géante. Les scènes de sexe torrides s’alternent avec d’autres plus sensibles (eh oui, un peu d’amour dans ce monde de brutes) et certains seront peut-être choqués par une représentation si bestiale des échanges amoureux ou simplement physique. Le sexe est tout de même la 3eme composante de la série basé sur le sang et le sable. Le casting est d’ailleurs très « beautiful », des femmes aux formes très généreuses déambulant dans des tenues plus que légères (le tissu était cher à l’époque) croisent des gaillards bodybuildés forts comme des bœufs, il y en a pour tous les goûts. Cet aspect rugueux et charnel est parfois un peu trop exagéré, mais c’est le principe de la série, d’en imposer par la force, une beauté peu subtile et une tendance à aller droit au but (tout montrer, dialogues crus et des personnages très sauvages)… Certains débordements ultra sexuels sont parfois ridicules (comme ces femmes dans les tribunes des arènes montrant leurs poitrines à chaque épisode). Pas machiste pour un sou, les hommes aussi seront livrés dans leur plus simple appareil devant leurs maîtres, alors pas de jaloux.
Le traitement graphique est également un parti-pris auquel il faut adhérer si on veut apprécier au mieux cette interprétation de l’époque. Mais c’est aussi ce qui joue pour beaucoup dans cette fresque épique. L’idée de la série étant plus de rendre compte d’émotions dans un monde de brutes et d’intrigues, au travers de situations dramatiques au possible, que d’être fidèle à l’Histoire ou à la légende de Spartacus. D’ailleurs, un des miracles du scénario est de parvenir à faire oublier au spectateur l’histoire de Spartacus (le gladiateur qui se révolta et mena par la force des esclaves vers la liberté). De toute façon, avec une reconstitution historique, coller à l’histoire n’est pas forcément la meilleure idée pour divertir donc ça n’est pas du tout dérangeant pour profiter à fond de cette série magistrale. Proche de 300 pour les couleurs et le rythme des scènes d’action mais sans la tendance à la contemplation du film de Zack Snyder, ou encore GLADIATOR pour la dimension épique de ces histoires dramatiques, le rendu est tout bonnement époustouflant.Débutant par un pilote magistral où batailles féroces croisent des séquences intimes plus intenses et sentimentales, se poursuivant par le dur entraînement acharné puis l’ascension du héros Spartacus, la série SPARTACUS : BLOOD & SAND se mue en un enchevêtrement de destins troublés, de personnages avides de puissance, semblables à des bêtes assoiffés obsédés par leur désirs les plus inavouables. De très bonnes idées enrobent un pitch déjà très solide. Et puis, un final apocalyptique relance la donne d’une série où personne dans le casting n’est a l’abri d’une mort atroce (un peu comme dans 24 vous me direz).
Une préquelle à la série a été réalisée dans l’attente du retour de son acteur principal arrêté pour cause d’un combat contre le cancer, qui finalement sera remplacé dans la 2ème saison de cette série dont les forces laisseront personnes sans voix. Espérons quand même qu’elle échappera à la logique des studios de trop tirer sur la corde et de poursuivre absolument une série rencontrant le succès en lésinant sur le scénario.