J’ai beaucoup écouté Brassens durant mon adolescence et je crois lui devoir un certain nombre de mes références littéraires. Je continue de lui rendre discrètement hommage dans la lecture que je fais des « Fables » de La Fontaine... Ainsi, j’avais en 1ère, il y a quelques années, proposé un rapprochement entre les chansons de Brassens et certaines des fables les plus connues.
Dans cet esprit, je suis tombé récemment sur une fable moins connue du livre 8, reprenant le thème de la férocité des hommes et du danger qu’il y a à dire la vérité à ceux qui ont le pouvoir (on se souvient des mésaventures de l’âne dans « les animaux malades de la peste » quand tous les courtisans s’en prennent au simplet et crient « haro sur le baudet »)... Cette fable s’intitule « l’homme et la couleuvre »... Spécialiste en questions qui fâchent, « l’homme » demande au « serpent » de lui dire qui, de l’animal ou de lui-même, est le plus méchant.
Cette question amène à un examen de conscience et, après avoir écouté la vache et le bœuf, le fabuliste ne tarde pas à trancher : l’ingratitude est du côté de l’homme... Toute vérité ne fait pas plaisir à entendre et le ton monte vite entre les opposants. L’arbre, symbole de calme et de sérénité est alors convié pour témoigner... « Auprès de mon arbre, je vivais heureux » chantait Georges. On y revient demain pour mettre en dialogue par delà les siècles, les deux défenseurs des arbres.