Un lecteur du blog m'écrit pour me dire qu'il n'a pas l'impression que la vision soit sans limite ou infinie, contrairement à ce que j'affirme.
C'est une remarque intéressante.
Prenons conscience d'abord de notre immensité les yeux fermés.
Quand je ferme les yeux, je peux très facilement percevoir l'absence de limite de l'espace que je suis. Les yeux clos, je ne trouve aucune frontière à mon être : ni en haut, ni en bas, ni devant, ni derrière...partout, à l'infini, je suis.
Les sensations apparaissent dans cet espace infini et sans forme. De même les sons le traversent, comme les pensées ou les émotions, mais sans jamais le limiter.
L'espace de la conscience est immense, sans limite, sans bord, sans intérieur ni extérieur. Cela est indubitable les yeux fermés.
Que se passe-t-il quand j'ouvre les yeux ? Est-ce que les formes et les couleurs ont le pouvoir de m'enfermer?
Concrètement, en effet, les yeux ouverts, un champ de couleurs et de formes apparait. Quelle est la taille de ce champ de vision?
Dans ce champ visuel, le monde se déploie. Si je sors la nuit, toute la voie lactée y jaillit. Le regard est immense et embrasse une étendue très vaste. Je ne suis pas une petite chose limitée, mais mon être s'étend à tout ce que je peux voir et va jusqu'aux galaxies. Immense, immense, immense !
Mais est-ce infini?
En fait, le champ de couleurs et de formes apparait dans le même espace sans limite que j'ai expérimenté les yeux fermés. En plus des sensations et des sons, voici maintenant des phénomènes colorés qui décorent la conscience mais celle-ci n'est en rien limitée par le champ de vision. Les couleurs et les formes ne me limitent pas ; je suis encore au-delà d'elles. Je suis "l'écran" sur lequel le monde dépose ses couleurs.
"L'espace" de la conscience est métaphysique; sur lui, en lui, apparait le monde comme une tache de couleurs dont je ne peux dire la taille parce que je n'ai aucune référence pour le mesurer. C'est pourquoi je peux tout aussi bien dire que le champ de vision est vaste ou qu'il est minuscule.
Ce que je suis contient des sons, des sensations... et le champ de couleur ; rien ne me limite ; j'englobe tout. Infini.
Et surtout, ce Je n'est rien.