Première édition: 11 avril 2010
Depuis quelques semaines, le monde a (avait ?) les yeux rivés sur le Cabinda. Ce focus orienté sur la recherche de coupables et responsables des événements tragiques du 08 janvier dernier ne doit pas occultés les véritables enjeux qui se jouent depuis dans les sphères de la politique Angolaise à Luanda.
Un bref état des lieux de cet état qui dispute au Nigeria la première place des pays africains exportateurs de pétrole grâce aux immenses ressources cabindaises, est un moindre mal.
Les dérives financières de la famille du Président Angolais José Edourdo Dos Santos, les conflits d’intérêts dans sa participation dans le capital de la Société portuguaise Galp (l’équivalent de Total en France), sa participation dans le hold up électoral en côte d’ivoire de Laurent Gbagbo etc … mettent en lumière une gestion étatique hors norme, dans un pays riche du pétrole cabindais, avec une pauvreté tout aussi colossale.
Radio France International (RFI) dans ses différents dossiers de Mars-avril a mis le focus sur l’Angola. Nous synthétisons ici les quelques points significatifs de cette nouvelle gouvernance et surtout les enjeux liés à l’avenir de la situation cabindaise.
Angola : Afrique Australe, Pays riche à grande pauvreté
50% de la population en Angola est âgée de moins de 18 ans. Les jeunes sont très critiques envers le gouvernement. Un million d’enfants ne sont toujours pas scolarisés, la moitié des enfants du pays n’ont toujours pas accès à l’eau potable, et il y a la corruption. José Eduardo Dos Santos possède une fortune de 31 milliards de dollars américains .
Joao Alvao est amer. RFI l’a rencontré dans un centre qui accueille des jeunes durant la journée, ils participent à des ateliers de couture ou dansent la Capoeira en musique. Joao a 25 ans, il est orphelin. Ses parents sont morts ou ont disparu pendant la guerre civile, et il est au chômage. « Chaque matin, je me lève tôt pour chercher du travail et je rentre bredouille tous les soirs », se lamente Joao, qui ajoute « le gouvernement ne fait rien pour les jeunes, pourtant ce n’est pas l’argent qui manque avec les revenus du diamant et du pétrole ! ».
Paradoxe de l'Angola; Pays riche qui voit ses ressortissants expulsés du Congo Kinshasa car contraint à l'exil en quête de vie meilleur...
Dans le même temps d’autres jeunes dénoncent de nombreuses dérives, le clientélisme, les détournements de fonds et le manque de liberté d’expression en Angola. la jeune génération commence à demander des comptes au parti du président Jose Eduardo Dos Santos, au pouvoir depuis plus de trente ans.
On assiste à un véritable boom immobilier à Luanda depuis la fin de la guerre civile angolo Angolaise (entre le MPLA et l’Unita de Jonas Savimbi) en 2002. Luanda est considérée comme la capitale la plus chère du monde pour les expatriés.
Grâce aux recettes de pétrole cabindais, la capitale angolaise se prend pour un Dubaï africain. La ville est un chantier géant et les nouveaux appartements ne sont pas à la portée des Luandais. A 34 ans, Helena habite encore chez ses parents.les prix sont comparable avec ceux de Manhattan à New York, et c’est aussi cher. Mais Luanda ce n’est pas New York, ce n’est pas la même qualité de vie!
Luanda: La capitale la plus chère du monde...
Les Angolais sont obligés d’habiter en banlieue. Les expatriés qui travaillent pour le groupe pétrolier Total n’ont pas ce problème. On les repère facilement sur les plages de L’Ilha de Luanda. Ils lisent des magazines français et n’ont pas l’air stressés.
Les appartements des employés de Total? Pas ce souci puisque c’est la compagnie qui s’en occupe directement, mais les prix sont démentiels. Cela dit, dans le secteur du pétrole ça ne freine pas grand monde parce qu’il y a l’appât du gain qui est très important.
Expatriés du Groupe Total sur la plage de l'iHla Luanda
Le pétrole cabindais représente près de 60 % du PIB angolais. Hormis l’or noir, le pays doit importer quasiment tous ses produits de consommation. Par ailleurs, le port de Luanda est souvent engorgé, ce qui alimente la hausse des prix. Résultat : un kilo de tomates peut coûter dix dollars. On vous laisse deviner ce qu’il en ait au Cabinda.
Pour Almérindo Jaka Jamba, député de l’opposition Unita, le gouvernement doit à tout prix diversifier l’économie du pays : « Ici on a des terres arables, ici on a de l’eau en Angola, ici on a un pays qui présente d’énormes potentialités. Mais il y a cette dépendance du pétrole. Au lieu d’être une source d’opportunités, ça peut aussi être une vraie malédiction ! ». Les velleittés cabindaises représentent certainement une solution pour les populations angolaises.
La démocratie selon Edouardo dos Santos…
Le Parlement de Luanda a adopté jeudi 21 janvier 2010 une nouvelle Constitution prévoyant que la tête de liste du parti vainqueur aux élections deviendra le président de la République, sans recourir au suffrage universel direct. Le texte a été voté par les représentants du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) – le parti du président dos Santos, au pouvoir de puis plus de 30 ans – et boycotté par les députés de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita), principal parti d’opposition.
Cette Constitution, selon les observateurs, renforce considérablement le pouvoir du président José Eduardo dos Santos, 67 ans. Le chef de l’Etat angolais va pouvoir rester au pouvoir, sans passer par une élection au suffrage universel. Les prochaines élections législatives sont prévues pour 2012. Lors du scrutin législatif de septembre 2008, le MPLA avait obtenu 82% des suffrages, un score qui, selon les analystes, serait difficilement atteint par le président lors d’une présidentielle au suffrage universel.
Siege du MPLA, Luanda AFP
La Constitution adoptée ce jeudi 21 janvier 2010 par le Parlement angolais a divisé la majorité et l’opposition sur deux points : les pouvoirs du chef de l’Etat et le mode de son élection. Dès le début des débats sur le projet, au premier semestre de l’année dernière, les représentants du MPLA au sein de la Commission constitutionnelle avaient affiché leur volonté de renforcer les pouvoirs présidentiels. Les élus de l’opposition ont vite montré leur désaccord sur ce point, mais il n’y a pas eu de blocage.
A propos du mode de scrutin pour élire le chef de l’Etat, les députés du MPLA avaient lancé l’idée de d’abandonner le suffrage universel direct.
Lors de la visite du président sud-africain Jacob Zuma à Luanda, en août dernier, son hôte José Eduardo dos Santos s’est adressé à l’Assemblée nationale. Il en a profité pour dicter sa volonté, à savoir que la liste du parti vainqueur aux élections législatives serait désigné seulement par les élus à la fonction suprême.
Aucun député du MPLA n’a alors exprimé sa désapprobation. Malgré donc le boycott des débats à l’Assemblée nationale sur le projet par les députés de l’Unita, la nouvelle Constitution a été adoptée jeudi 21 janvier 2010 par une majorité aux ordres.
La nouvelle Constitution angolaise, avec ses 244 articles, fixe le mode de gouvernement du pays et définit les droits des citoyens. Le poste de Premier ministre a été supprimé, mais le chef de l’Etat peut choisir son vice-président qui aura le rôle de chef du gouvernement. Le texte qui remplace la Constitution de 1992 stipule également que toutes les terres appartiennent à l’Etat, pouvant être attribuées à des particuliers en fonction de projets d’intérêt national. L’opposition s’était prononcée pour que la terre soit attribuée aux communautés autochtones.
Pour entrer en vigueur, la nouvelle Constitution doit encore être approuvée par le président dos Santos et par la Cour constitutionnelle dont les membres sont nommés par le chef de l’Etat. Sans commentaires.
Edouardo do Santos
José Eduardo dos Santos, 1942 -, le président de l’Angola (1979 -). Formé à l’URSS en tant qu’ingénieur, il a été ministre des Affaires étrangères dans le premier gouvernement de l’Angola indépendante, succédant à Augustino Neto en tant que président en 1979. En 1991, il a abandonné le marxisme et négocié la fin de la guerre civile avec l’Union Nationale des pour l’Indépendance Totale de l’Angola (UNITA). La paix a pris fin lorsque dos Santos a exclu l’UNITA de Jonas Savimbi des élection et, les forces de l’UNITA ont repris la lutte (1992). Un deuxième effort de paix en 1994 s’est également soldé par la reprise des combats, en 1998. (sources : The Columbia University Encyclopedia, Sixth Edition | 2008)
Les troupes du MPLA veillent au grain...
Pour un droit d’ingérence des Nations Unies au Cabinda….
Les cabindais représentent donc la seule opposition crédible face à cette nouvelle gouvernance made in angola. Un cabinda libre, sous l’égide d’une force d’interposition des nations unies, permettra aux angolais de penser à d’autres formes de gestion des populations. De nouvelles structures de productions sont à définir, une nouvelle économie à batir. Il en va de l’avenir et de la stabilité de l’ensemble de la sous région et, de l’Afrique.
Les interférences politico – militaires récentes, particulièrement dans la crise ivoirienne, devraient nous éclairer et, faire valoir le droit d’ingérence au Cabinda.