Passeurs de langue, d'un désert l'autre

Publié le 24 janvier 2011 par Hippocampe

  " La révolution tunisienne a emporté dans ses plis notre stage au désert. Nous en sommes bien chagrinés, mais si nos amis tunisiens réussissaient la prouesse de rétablir une démocratie, notre chagrin serait bref. Et dès l'année prochaine, nous irions saluer ces courageux, et contribuer par notre présence à leur survie économique " écrit Virginie Lou dans sa newsletter du jour. Dont acte. On pourra donc se pencher sur ses autres propositions d'écrire avec elle à Arles, à Venise, ou même à Paris, ici, fin mars et dans l'incandescence.

   S'agissant encore de langue et de transmission,  le fossé n'est pas très large entre ceci et cela : la recommandation d'aller voir le film Traduire, de Nurith Aviv.

Après Misafa Lésafa - D'une langue l'autre ('2004)- et Langue sacrée, langue parlée (2008), la cinéaste poursuit avec ce film une exploration de  l' hébreu à travers ceux qui vivent cette langue, la parlent, l'écrivent et la travaillent. Il s'agit cette fois de dix traducteurs

De l'hébreu mishnaïque à celui de la littérature contemporaine et de la rue le chemin est celui, complexe, d'une culture et d'une pensée, ou plutôt de pensées, qui évoluent et, se déplaçant,

en croisent d'autres, et il est long. La sacralité posée à l'origine demeure cependant au creux de la question, on n'y échappe pas.

Tout autant qu'à des éléments de connaissance, c'est à l'expérience du travail que Nurith Aviv donne la parole à travers ces trois films et peut-être surtout ce dernier, et il y a là du bouleversant.

Lire aussi l'article de Jacques Mandelbaum dans Le Monde

Traduire se donne jusqu'au 23 février au cinéma Les Trois Luxembourg à Paris. Plusieurs débats sont prévus après les projections, avec notamment Jacques Roubaud, Marc-Alain Ouaknin, Leslie Kaplan et Heitor de Macedo. Le programme est ici