Documentaire commandé à l’occasion de l’Exposition Universelle de Shanghai, I Wish I Knew / Hai shang chuan qi (2010) de Jia Zhang-ke met la mégalopole portuaire en scène. Le cinéaste chinois raconte Shanghai à travers plusieurs portraits. A travers eux, Jia Zhang-ke parle des bouleversements de la ville et de son destin depuis 1930…
I Wish I Knew est un travail de mémoire qui a son importance. Son importance dans la transmission aux générations futures de ce qu’a été cette ville mais aussi à travers elle ce qu’a été la Chine. A travers l’une, le cinéaste parvient à raconter l’autre. Les portraits que nous dépeint Jia Zhang-ke s’invitent et évoquent la grande Histoire. Une ville, un pays mais aussi un destin en commun. L’individu qui s’exprime est indissociable de Shanghai. Il a fait cette ville mais la ville l’a également fait. On retrouve donc dans ce documentaire le même procédé que le cinéaste avait utilisé dans son docu-fiction 24 City. Jia Zhang-ke prend le temps d’écouter les témoignages, de laisser sa caméra aller et venir, de confronter des images qui montrent une ville en changement perpétuel. Il y emploie également sa « muse », l’actrice Zhao Tao qui semble ici camper le rôle d’un spectre qui traverse le Shanghai d’hier et d’aujourd’hui.
Si I Wish I Knew a des qualités indéniables et se révèle comme une œuvre « importante ». Des choses interpellent. Premièrement les portraits ne se valent pas tous. Les souvenirs ne répondent pas toujours à l’attente du spectateur. De ce fait, certains d’entre eux n’étaient pas nécessaires et semblent après coup un peu vain (de la fioriture en somme). Deuxièmement l’utilisation de l’actrice Zhao Tao qui n’apporte rien, son personnage du moins. Avec ou sans elle, I Wish I Knew se serait aussi bien porté (même si l’on voit où voulait en venir l’auteur). Troisièmement (et pour finir), on ressort avec un sentiment bizarre de la projection. Certes, on en connaît un peu plus sur Shanghai mais finalement pas tant que ça. La faute sans doute à un film limité dans le temps qui ne peut couvrir une Histoire aussi longue. Sans ça on pourra souligner le bon travail d’un Yu Lik-wai à l’image et celui de Lim Giong pour la musique employée.
I Wish I Knew qui avait eu les honneurs d’une Sélection Officielle, dans Un Certain Regard au Festival de Cannes 2010 vaut véritablement qu’on s’y arrête. Qu’on se laisse porter et divaguer dans ces quartiers shanghaiens où les souvenirs d’un passé résonnent en écho pendant que se construit le futur.
I.D.
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