Les moines observateurs de la charte de charité qui fuyaient la foule dans une Auvergne relativement peuplée, trouvèrent ici l'endroit idéal pour se retirer du monde en une région où l'ordre ne s'implanta guère, laissant la place aux Bénédictins.
L'humble monastère fondé vers 950 par des religieux venus de Menatdevint une abbaye cistercienne en 1136, grâce à une petite équipe venant de Montpeyroux, près de Châteldon. Désaffectée depuis la Révolution, une belle église romane, à trois nefs et sept travées, témoigne de la perfection des volumes et de la sobrité chère à l'ordre blanc.
L'abbaye compta jusqu'à 150 moines et fut le Saint-Denis des Sires de Bourbons. Les tombes, d'Archambault de Bourbon, tué à Taillebourg en 1242, et de Béatrix de Montluçon, sa femme, sont celles d'ancêtres de la branche royale. Son église privée de voûtes, le couvent sombra dans la décadence et ne dut une médiocre sauvegarde, toute mystique envoyée, qu'à la transformation de bâtiments en granges ou en étables.
Les derniers abbés ne témoignèrent pas d'un zèle effréné : au XVe, une véritable bataille rangée opposa deux prétendants à la crosse et leurs partisants dans une affaire qui trouva son épilogue au parlement de Paris. Au XVIIe, un abbé de sept ans succéda à un abbé courtisan mort subitement - et sans confession - alors qu'il s'apprêtait à dîner avec Mme de Sévigné...
Les bâtiments conventuels ( cloître, réfectoire, chapitre et cuisines ) sont postérieurs à l'église.
L'abbaye fut fondée en 1137. L'église a probablement été construite vers cette époque en deux campagnes : le sanctuaire, le transept et la travée qui suit, lors de la première campagne et, plus tard, les six través de la nef et le portail. Les deux étapes de construction paraissent avoir été assez voisines dans le temps.
L'abbaye de Bellaigue est un édifice de style roman cistercien.
Sobre dans son architecture, elle offre une façade occidentale à pignon assez bien conservée, avec une large porte sous arcade à trois voussures très simples mais de proportions parfaites. Les arcs brisés du transept sont de facture bourguignonne. Les chapiteaux sont conformes à l'esptrit de Cîteaux dont dépendait l'abbaye.
L'église comprend trois nefs de sept travées avec bas-côtés et un transept débordant sur lequel s'ouvrent directement l'abside en hémicycle et quatre absidioles qui ont aujourd'hui disparues.