Tennis -
Cape Dory
On ne peut pas dire que
Cape Dory est une insulte au bon goût : c'est seulement un disque banal et hyper faible. Je suis déjà surpris que
Tennis fasse autant parler de lui avec une personnalité aussi peu affirmée : il ne s'agit que d'un vulgaire duo mixte orienté pop 60's comme il y en a des dizaines, sans aucune plus-value par rapport à
She & Him,
Best Coast et consorts. L'originalité n'est pas là, donc, mais ce n'est pas encore le plus grave. Le problème majeur de Cape Dory est qu'il est loupé même dans sa réalisation. Voix très moyenne, orchestration pathétique, linéarité épuisante... Cape Dory n'a pas non plus la fougue et l'intuition qui provoquent l'indulgence envers les disques trop verts. C'est mou, pauvre, mélodiquement tout juste passable, en un mot insignifiant.
1/10.
Isolée -
Well Spent Youth
Je me surprends à la cohérence. J'ai l'an dernier plusieurs fois souligné à quel point la house trop libertaire pouvait m'agacer, celle qui malaxait indistinctement tous les codes du genre pour les redéfinir en musiques de salons. C'est pour cette même raison que je n'ai jamais accroché aux disques d'
Isolée – et ce même si je n'avais pas encore mis de mots là-dessus. Alors que je n'étais qu'un bébé dans les musiques électroniques, je sentais qu'il y avait dans
Rest ou
We Are Monster un intermédiaire qui me déplaisait, une sorte d'indécidable entre envie d'explorations et exigences du dancefloor qui me laissait complètement en retrait. Joli paradoxe : c'est en sortant son disque le moins inspiré que
Rajko Müller résout cette problématique.
Well Spent Youth sonne certes daté, il ne contient aucun très bon titre, mais il est au moins le disque d'une prise de décision : Isolée s'y définit comme artiste micro-house et rien d'autre. Que Well Spent Youth soit monotone et peu spectaculaire tient dès lors autant d'un programme que d'une faillite créative : Isolée rentre dans le rang, se repositionne comme dj et perd en ambition ce qu'il gagne en adaptabilité au dancefloor. Ce n'est pas ce que j'appelle une perte sur tous les plans.
5/10.
Mitochondrion :
Parasignosis
Je vous laisse sourire quelques secondes à la lecture du nom de ce groupe. Ça fait pas très sérieux
Mitochondrion hein. Pourtant, eux font leur musique sans badinerie aucune. Nourris d'occultisme et de noirceur black, leur death-metal est bien plus qu'un inconséquent défouloir gore.
Parasignosis est au contraire un passionnant grimoire aussi violent que possédé, aussi à l'aise dans les blasts dévastateurs que les mid
tempo crasseux et les longues plages dark-ambient. Je suis assez ébahi à l'écoute de ce disque, ébahi par tant de puissance retorse et par tant de complexité audible. Qu'on se le dise, on tient déjà là un des plus grands albums extrêmes de 2011, du niveau d'
Immolation,
Deathspell Omega ou
Triptykon l'an dernier. MASTERPIECE.
8/10.