Vous avez dit lourd? Dans ce cas jetez vous sur ce magnifique disque de Michel Portal, "Minneapolis", publié en 2001, le fruit d'une collaboration née des suites d'un voyage dans cette ville un an plus tôt pendant lequel il rencontrera les artistes qui participeront à l'écriture et à l'enregistrement de l'album. 10 jours de studio seront nécessaires pour que l'union créée entre l'Europe et les Etats-Unis se fasse. Une rythmique empruntée au "New Power Generation" de Prince pendant la première moitié des années 90, avec Michael Blanc à la batterie et au rap, et Sonny Thompson à la basse. Cela suffit à poser les bases de ce que tente désormais d'entreprendre le saxophoniste et clarinettiste français. Fini le temps des projets relativement insipides qu'il avait pris l'habitude de sortir avant cela, et place désormais à une toute nouvelle formation comprennant également le guitariste Vernon Reid (sur 3 titres), et le claviériste Tony Hymas.
Aucun doute donc quant à la qualité des musiciens présents. Tout ce beau monde prend vraiment plaisir à jouer ensemble et cela se ressent immédiatement. Forcément, beaucoup de groove du début à
la fin, avec une basse hyper présente et un Michel Portal au top de sa virtuosité. Lyrique et très créatif, il prend tour à tour ses chorus avec toute la fougue et l'énergie dont il est capable,
justifiant ainsi l'indépendance de ton qu'il a décidée de soutenir pour ce projet. Plutôt critiqué lors de sa sortie par les quelques pontes un peu surannés du milieu, le public l'a quant à lui
très bien reçu et n'aura pas manqué d'y voir au contraire un souffle d'énergie musicale inattendu et une vraie liberté d'expression singulière et passionnante. Une fois écouté le titre "The Dred
Scott Marker" que j'ai choisi pour vous, vous comprendrez mieux ce que je veux dire, et je ne doute pas que vous saurez vous aussi apprécier le jeu du groupe.
14 morceaux et 72 minutes, avec en prime un très bel objet entre les mains assorti de photos prises par Guy Le Querrec lors des séances studio. La plupart des compositions sont
de Michel Portal ou de l'ensemble des musiciens, preuve s'il en est que tous se comprennent et partagent autant qu'ils apprennent. "Matourmatourmatourmalet" est écrit par Tony Hymas, et l'on
retrouve aussi un titre de Charles Mingus, "Good Bye Pork Pie Hat", comme un clin d'oeil au jazz plus "traditionnel" mais non moins grandiose, et tout aussi excentrique et non-conventionnel. A
noter enfin que Michel Portal joue du bandoneon sur le dernier titre de l'album, "Cinco De La Tarde", à l'ambiance mâtinée de folklore sud-américain.
Hybride et impeccable resteront mes derniers mots concernant ce "Minneapolis" que vous pourrez écouter en entier sur Deezer en cliquant ici.
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