Dans la dernière livraison du Journal des Arts, un article sur le Museum Folkwang à Essen en Allemagne a fait rebond dans mon humeur parfois chagrine. Dans ce musée germain, une exposition sur la capitale française bat des records de fréquentation. « Images d’une capitale, Paris au temps de l’impressionnisme » rassemble des toiles et des photographies de la fin du XIXe siècle, période d’ébullition artistique et surtout de modernisation intense d’une cité en phase active d’ouverture grâce aux travaux titanesques d’Haussmann, préfet volontariste et visionnaire. Avec ses longues artères et ses perspectives, la ville se métamorphosait et s’aérait formidablement, facilitant les flux et les mouvements, attirant des hordes d’artistes inspirés par cette énergie bâtissante et bondissante.
Je ne peux s’empêcher de faire une comparaison avec les actions du maire socialiste actuel qui s’acharne à faire l’inverse, avec une politique de circulation calamiteuse et une ville dévastée par un fatras de mobilier urbain et un règlement intérieur kafkaïen et débilitant. Sans parler d’une ville qui se renferme sur elle-même avec une nouvelle ceinture de fer (et de chasteté) : un train électrique qui prend des allures de manège infernal.
A cela s’ajoute une gentrification intense qui impose un couvre-feu et se réfugie dans une ambiance de parc d’attraction, dont le concept Paris Plage est la gloire delanoesque qui se gargarise de rendre les berges de la Seine aux Parisiens, comme si quelqu’un leur avait prises…
Dans Le Monde du 11 janvier dernier, un conseiller de Paris, Thierry Coudert, résume assez bien cette politique léthargique : « Dans la capitale, après 17 heures, musées, bibliothèques, piscines ferment les uns après les autres pour être bouclés à 18 heures. (…) Reconnecter les horaires de l’administration municipale avec les horaires avec la vie des usagers est tabou pour la mairie de Paris. L’exécutif parisien se réfugie derrière la difficulté de gestion des personnels administratifs. Face à cette impasse, les Parisiens devraient donc caler leurs loisirs sur les horaires d’une administration immobile depuis cinquante ans ». On espère que le Grand Paris, va stimuler une municipalité qui ressemble à une maison de retraite…
Images : Gustave Caillebotte