Le président du RCD ( Rassemblement pour la culture et la démocratie ), Saïd Sadi, a accordé samedi soir un entretien à DNA dans lequel il revient sur cette journée au cours de laquelle son parti a tenté d’organiser une marche populaire à Alger. Le gouvernement algérien qui avait indiqué plusieurs jours auparavant que cette manifestation était interdire a fait preuve d’une démonstration de force impressionnante pour faire avorter cette marche.
DNA : La marche à laquelle vous avez appelé a été réprimée par les autorités. Quel bilan tirez-vous de cette journée ?
Saïd Sadi : « Je n’ai jamais vu un tel déploiement des forces de sécurité à Alger. Cela me rappelle deux événements. La Bataille d’Alger au cours de laquelle le général Massu a déployé un arsenal militaire pour boucler la capitale et mater l’insurrection algérienne. L’autre événement est le Coup d’Etat du 19 juin 1965 où l’armée de Boumediene s’est déployée pour renverser le président Ben Bella. Même durant les années de terrorisme des années 1990, le pouvoir n’a pas étalé en une seule journée autant de policiers et de gendarmes.
Vous vous attendiez à un tel déploiement dès lors que les autorités ont interdit la marche...
Oui, mais pas de cette ampleur. Nous savions qu’ils allaient tout faire pour nous empêcher de marcher. Songez qu’ils ont déployé 15 000 hommes dans la capitale pour empêcher que des Algériens marchent pacifiquement pour exiger un certain nombre de revendications. Outre les fourgons de police et les hélicoptères, ils sont paralysé le transport ferroviaire, bloqué les bus sur les routes, pour interdire aux gens de venir manifester. Sans parler de la campagne d’intimidation et de désinformation à laquelle se sont prêtés les médias publics, notamment la radio et la télévision. Tout ce déploiement était destiné à empêcher que des Algériens manifestent pacifiquement dans les rues de leur capitale. C’est tout simplement inédit, mais symptomatique.
Comment interprétez-vous une telle démonstration de force ?
L’affolement. Le pouvoir est aujourd’hui affolé, paniqué. Il est atteint d’une « Benalite aigue ». C’est à dire qu’il montre les mêmes signes de panique et d’affolement que l’ex-président tunisien Ben Ali avant sa chute. Paralyser les trains, couper les routes aux manifestants, acheminer 15 000 hommes dans la capitale, faire appel à la radio et à la télévision comme instruments de la propagande renseignent du degré de panique qui a saisi le pouvoir algérien. Ce qui est encore plus malheureux et pathétique est qu’il se trompe lourdement en pensant que baisser le prix de l’huile et du sucre, verrouiller les espaces publics constituent la solution idoine pour faire face à la crise profonde dans laquelle est plongée l’Algérie. Ce déploiement de force dénote un divorce entre le peuple et ses dirigeants. Ils se trompent en pensant pouvoir tenir le pays en usant de la carotte et du batôn.
Comment voyez-vous l’évolution de la situation en Algérie dans les semaines à venir ?
Cette journée constitue un déclic. Nous ne reculerons pas. Il faut aller de l’avant pour tenter d’encadrer la colère des jeunes qui sont sortis dans la rue, pour encadrer le mécontentement social qui ne cesse de grandir. Nous devons unir nos forces parce que le pays vit une situation désastreuse, explosive.
par DNA