Crédits photo : Pacome POIRIER/Wikispectacle/Pacome POIRIER/Wikispectacle
Vendredi dernier, j’ai eu la chance d’aller voir jouer ma pièce de théâtre préférée, Caligula d’Albert Camus. Cette pièce a été une rencontre inoubliable. Une de ces rencontres qui marquent, dont l’emprunte est toujours là. Jouée au théâtre de l’Athénée jusque début février, le héros est interprété par un Bruno Puzulu excellent dans le rôle-titre. Un très beau moment.
Caligula, c’est l’empereur qui veut rendre l’impossible possible, avoir la lune et renverser l’ordre des choses. C’est aussi l’empereur qui veut être le premier homme libre et s’astreint à cette liberté si contraignante.
Selon lui, tout se vaut et toutes les actions se valent : une vie ne vaut pas plus qu’une autre, aucune action ne vaut plus qu’une autre. Ce qui gouverne la vie, c’est « l’absurdité des dieux ». Et comme lui, Empereur, a le pouvoir, il impose aux romains une vie à l’image de cette absurdité, seule source la liberté : il les forcent à déshériter leur famille pour tout donner à l’Empire (« gouverner, c’est voler ». Caligula au moins, le fera franchement), les tue de manière arbitraire, oblige les hommes à s’habiller en femmes…
La logique de Caligula se retrouve aussi bien dans le fond que dans la forme de la pièce de Camus, qui ne comporte pas de tirade phare. Toutes les scènes sont importantes, toutes participent à dévoiler la logique implacable de l’empereur. C’est d’ailleurs le seul reproche que je ferais à la pièce de Stéphane Olivié-Bisson, sa longueur : malgré la prestation impeccable des acteurs, 2h20 sans entracte, c’est un peu longuet.
Mais le résultat est là : alors que Caligula est haïssable, on s’attache à lui, on éprouve de l’empathie pour ce tyran à qui l’on doit de reconnaître, comme les personnages de la pièce, qu’il « force les gens à réfléchir ». On déteste les courtisans qui n’ont même pas le courage de lui dire d’aller se faire foutre et on finit par contempler avec circonspection et angoisse la part de Caligula qu’on a tous en soi.
Je salue la prestation de Bruno Puzulu, excellent dans le rôle titre et qui m’a fait pleuré lors de la scène finale. Un choc émotionnel à la hauteur de la lecture du texte génial de Camus.
Infos pratiques
Caligula, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Square de l’Opéra-Louis-Jouvet, 17, rue Boudreau (IXe)
Tél. : 01 53 05 19 19 www.athenee-theatre.com
Horaires : mardi à 19 h, du mer. au sam. à 20 h, places : de 6,50 à 30 €.
Du 20 janvier au 5 février, puis en tournée.