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Loin des yeux, loin du cœur ?

Publié le 24 janvier 2011 par Delits

Ce proverbe latin extrait d’Elégies et formulé par Properce (Ier siècle  avant J.-C.) exprime l’éloignement affectif qui se produit lorsque deux personnes se trouvent séparées. Vingt et un siècles plus tard, la politique française semble faire mentir ce poème ; et de fort belle manière.

Lundi 17 janvier 2011, l’Institut Ipsos a publié son dernier baromètre de l’action politique réalisé en partenariat avec l’hebdomadaire Le Point. Dans le titre on comprend tout de suite qu’il est ici question de projets, de réalisations et in fine d’influence sur le quotidien des Français ; c’est tout le sens de l’action politique.

L’étude fait tout d’abord apparaitre un Président toujours empêtré à des niveaux de satisfaction historiquement bas : 65% des personnes interrogées jugeant même son action politique défavorablement. Alors que de nombreux observateurs stigmatisent la concentration des pouvoirs à l’Elysée ce résultat très mauvais fait froid dans le dos, d’autant qu’il est en hausse de 4 points par rapport à décembre 2010. Concernant F. Fillon, le sondage salue sa constance et son effort pour tenter de demeurer un Premier Ministre dont une majorité des Français jugeraient son action favorablement. Pourtant, malgré ses efforts, en janvier 2011, les Français exprimant un jugement défavorable (47%, +2 points) sont à nouveau plus nombreux que ceux qui jugent l’action du chef du gouvernement favorablement (45%, -3 points).

Puis, vient une troisième question : « Quel jugement portez-vous sur l’action politique de XXX ». En analysant dans le détail les résultats de ce classement un constat s’impose : en plus d’être insatisfaits par l’action du Président et du Premier Ministre, les Français plébiscitent des responsables politiques passifs !

Voici le classement tel qu’il apparait : DSK (59% d’opinions favorables), Bertrand Delanoë (57%), Jack Lang (52%), Jean-Louis Borloo (52%) et Rama Yade (52%).  Le choix de se concentrer sur les cinq premiers leaders s’explique par le fait qu’ils sont les seuls (sur 33) à totaliser plus de 50% d’opinions favorables. Plus grave, aucune de ces personnalités n’est un leader politique majeur au niveau national.

  • Dominique Strauss-Kahn, Président du FMI basé à Washington, le favori des politologues n’a pas encore décidé s’il reviendrait en France cet été pour se mêler à la bataille interne du PS. Action politique en France : 1,5/10 (l’action du FMI ayant un impact au niveau économique).
  • Bertrand Delanoë, Maire de Paris pour encore 3 ans, il tente en ce début d’année un retour sur le devant de la scène après une traversée du désert … de Reims (du nom du Congrès qui l’a vu s’effondrer) qui aura duré 30 mois. Plus important, il est un responsable politique local et n’est pas cité parmi les possibles candidats du PS à la candidature. Action politique en France : 2/10 (la part de la population parisienne dans la population française totale). On notera néanmoins un taux de satisfaction de 60,6% en Ile-de-France.
  • Jack Lang, Député du Nord Pas de Calais et émissaire auprès de l’ONU pour les questions liées à Cuba, la Corée du Nord et anciennement sur les problèmes de pirateries au large de la Somalie. L’ancien Ministre de la Culture et de l’Education n’a plus la même influence rue de Solferino qu’en 2007 lorsqu’il conseillait Ségolène Royal. Action politique en France : 1/10 (il compte parmi les responsables politiques qui ont compté au PS).
  • Jean-Louis Borloo, Président du parti Radical et Député du Nord. Depuis son départ surprise du gouvernement lors du dernier remaniement, celui que beaucoup voyait à Matignon hésite encore entre une grande aventure centriste et un retour aux affaires juridiques, sa première vie. Depuis deux mois (au jour du baromètre Ipsos/Le Point du 17 janvier) et à l’exception des débats internes des centristes, il n’a pas pris la parole pour prendre position par rapport à l’action du gouvernement. Action politique en France : 3/10 (La parti Radical est encore officiellement un parti affilié à l’UMP).
  • Rama Yade, Ambassadrice de la France à l’UNESCO. La surdouée de la classe, éternel poil à gratter du gouvernement, a fini par lasser. Malgré le soutien du Président, le dernier remaniement aura eu raison de son entêtement. A l’UNESCO elle défend la position française mais a cessé les sorties médiatico-politiques dont elle avait le secret lorsqu’elle était au gouvernement. Action politique en France : 2,5/10 (Membre du Parti Radical depuis 1 mois, parti affilié à l’UMP).

Délits d’Opinion ne donne pas de bons et de mauvais points. Ce billet ne vise pas l’Institut Ipsos (qui fait d’ailleurs partie des instituts qui ne teste plus la popularité de Jacques Chirac, voire de Valéry Giscard d’Estaing), il ne vise pas non plus les cinq responsables mentionnés qui œuvrent chacun à leur manière au travail politique.

En réalité, cette étude nous conforte dans cette idée d’un manque de confiance toujours plus marqué envers les responsables politiques de notre pays. Comment s’étonner face à ces résultats d’un désenchantement généralisé des Français et d’une montée en puissance des extrêmes ?


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