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Nuit

Publié le 24 janvier 2011 par Custindastree
Divagations, épisode 2 (voir épisode 1) « Je vous prie de m’excuser, messieurs, si j’ai entendu votre conversation, mais… – Qu’est ce que vous voulez ? l’interrompt Antoine. – Ben c’est que je vous ai reconnu, vous êtes l’auteur de… – Je suis l’auteur de la « Chute de l’Homme » oui. Et est-ce que ça vous permet de nous interrompre, mon ami et moi, dans notre conversation ? » Profondément gêné par la scène qui venait de se tenir, par sa faute, devant lui, le serveur ferma sa gueule et revint à ses occupations sans un mot. Antoine quant-à-lui décida qu’il était temps de rentrer. Il mit un billet suffisamment élevé sur la table pour être sûr qu’il y ait le compte sans avoir à demander la note au serveur et laissa son compagnon finir encore quelques verres. Il aimait marcher dans les rues de Paris la nuit, il trouvait la ville belle. Les sons étaient différents de ceux qu’il pouvait entendre la journée. Ils n’étaient pas pollués par la basse pègre qui grouille de sept heures à vingt-deux heures, ils étaient de purs sons urbains générés par des milliers d’instruments proches et lointains, métalliques et minéraux. De nobles bruits de fond. Il écoutait la musique de la nuit, le léger vent frais d’octobre faisant frissonner délicatement l’arrière de sa tête. Cette sensation le surprit, et il se mit à repenser à Laura, à sa façon de passer sa main douce dans ses cheveux. Qu’est-ce qu’il l’aimait. Il aurait tant voulu qu’elle reste. Le chemin vers son appartement de Port-Royal aurait pu être plus court en passant par les rues sinueuses du cinquième arrondissement, mais il préférait le large boulevard Raspail, moins étouffant. La ville qui dormait donnait une impression de densité au vide ambiant, une agitation cachée. Il prenait son temps pour marcher, il avait le temps, plus rien ne comptait maintenant. Depuis que ses succès littéraires lui avaient garanti un revenu confortable jusqu’à la fin de ses jours, il se sentait incomplet, inachevé. La nostalgie et le remords laissaient en lui une brûlure, comme une emprunte dont il souhaitait se débarrasser. Une voiture klaksonna, le sortant de sa torpeur. Il était décidé à faire quelque chose, à prouver qu’il pouvait produire à nouveau de la culture. C’était l’épisode 2. À suivre…

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