L’ancien premier Ministre de François Mitterrand dont on connaît par ailleurs la liberté de pensée et les qualités, propose de remettre à l’ordre du jour la durée du temps de travail.
Remarquons que la problématique n’a jamais quitté le devant de l’actualité et que les polémiques n’ont cessé de s’organiser autour du thème. Dès la campagne de 2007, Nicolas Sakozy lançait autour du travail le fameux « travailler plus pour gagner plus » et plus récemment le PS vient de connaître quelques turbulences autour des 35 heures.
Michel Rocard propose l’abaissement de la durée légale du travail au dessous des 35 heures, et annexe à cette proposition «Il faut essayer de retrouver l’indexation des salaires sur la productivité » … Alors là OUI, trois fois OUI ! Mais ces deux propositions ne sont pas de même nature et il ne faut pas retomber dans cette confusion entretenue par la campagne de 2007 …
En revanche le temps de travail doit faire appel à d’autres approches et tenir compte de facteurs beaucoup plus complexes.
Quand Rocard écrit « pour que chacun ait sa place sur le marché du travail, il faut tomber à moins de 35 heures par semaine. Et c’est d’autant plus nécessaire que la durée de vie s’allonge», poursuit-il; il ne fait preuve d’aucune originalité par rapport à des idées convenues, incomplètes pour ne pas dire complètement obsolètes.
La quantité de travail globale à effectuer n’a rien d’une galette des Rois qui permettrait en la fractionnant un peu plus, de donner des chances supplémentaires de se casser les dents sur la fève. Ce n’est pas tant la durée de ce travail qui importe, mais sa qualité.
Le travail est structurant, il joue un rôle social prépondérant, mais il faut que son contenu remplisse des conditions minimales acceptables. La principale est celle de la perception de son utilité par celui ou celle qui l’effectue. Rien ne peut être pire pour un individu que de percevoir son « inutilité » même si elle n’est que « ressentie ». Le salarié, l’ouvrier, l’homme ou la femme qui travaille doit percevoir la réalité sociale de ce qu’il effectue, l’insérer dans un ensemble cohérent.
Dans l’entretien qu’il donne au journal Le Monde, à aucun moment Michel Rocard n’aborde la question du travail sous cet aspect qualitatif ; il en reste au quantitatif et ce n’est pas la véritable question.
Le travail doit être mieux rémunéré et son rééquilibrage avec les revenus du capital est impérieux, mais il doit aussi gagner en cohérence, en « utilité » et ne pas se travestir en « occupationnel » ; sa durée est une discussion annexe et « polluante »
Et toujours fidèle à une certaine “polyphonie”, je vous conseille de relire “La fin du travail ”