Éclaircie en hiver
Le bleu renaît du gris, comme la pulpe éjectée d’un raisin noir.
Toute l’atmosphère est comme un œil trop humide, où raisons et envie de pleuvoir ont momentanément disparu.
Mais l’averse a laissé partout des souvenirs qui servent au beau temps de miroirs.Il y a quelque chose d’attendrissant dans cette liaison entre deux états d’humeur différente. Quelque chose de désarmant dans cet épanchement terminé.
Chaque flaque est alors comme une aile de papillon placée sous vitre,
Mais il suffira d’une roue de passage pour en faire jaillir la boue.
Francis Ponge, Pièces, dans Œuvres complètes, I, Gallimard, La Pléiade, p. 720-721.
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Le paysage
L’horizon, surligné d’accents vaporeux, semble écrit en petits caractères, d’une encre plus ou moins pâle selon les jeux de lumière.
De ce qui est plus proche je ne jouis plus que comme d’un tableau,
De ce qui est encore plus proche que comme de sculptures, ou architectures,
Puis de la réalité même des choses jusqu’à mes genoux, comme d’aliments, avec une sensation de véritable indigestion,
Jusqu’à ce qu’enfin, dans mon corps tout s’engouffre et s’envole par la tête, comme par une cheminée qui débouche en plein ciel.
Francis Ponge, id., p. 721.
Contribution de Tristan Hordé
Fiche bio-bibliographique de Francis Ponge
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