Il est 5 heures, Saint-Cloud s’éveille et les festivaliers sont au rendez-vous, moi je me précipite vers la scène de la Cascade où les Hey Hey My My s’apprêtent à jouer dans la chaleur pastorale. La fosse est clairsemée pourtant le show sans esbroufe me ravit par sa coolitude pop folk assumée, ces mecs sont des geeks, ça se voit comme le nez de Zappa au milieu de la figure. On sent les rats de vinylothèque cherchant parmi les monticules ordonnés et classés des perles oubliées, on songe aussi à ces discussions improbables comme « Wouah, la ligne de basse à la McCartney ! » auquel l’autre répond par un laconique « Yeah, moi je kiffe surtout les arpèges de guitares dans la droite lignée Byrdsienne période Crosby ». La journée commençait et j’étais d’excellente humeur, heureux, en paix avec moi-même et en harmonie avec l’univers, prêt à descendre le moindre pseudo apprenti rocker qui jugerait opportun de proposer une performance plus bootsée que boostée. En bon geek ne causant qu’avec des nerds fans des sixties, je jugeais bon de snober les concerts d’Emilie Simon et des Noisettes, bifurquant avec mes amis vers la Grande Scène où Mogwaï déballait ses longues jams en boucles cinématographiques. Tout en balançant nonchalamment mon corps dans une chorégraphie maintes fois travaillée, je me préparais mentalement aux deux vrais shows de la soirée, ceux des Shins et d’Arcade Fire. Les Shins arrivent et le bonheur de les retrouver se fait vivement ressentir, cependant à mesure que les morceaux s’enchaînent, je perçois comme un malaise : ces zélateurs d’une pop parfaite me semblent alors plus faits pour des salles confinées, confidentielles, ici ils sont jetés en pâture à la masse pavlovienne qui brandit qui un briquet qui un drapeau breton, un drapeau breton ??? Merde, rentrez chez vous, affreux bigoudens en sabots ! Qu’on arrête de brandir ces étendards, symboles navrants d’un indépendantisme qui n’a plus lieu d’être, surtout dans un festival à la programmation internationale. Bref, je suis à la fois et fort paradoxalement transporté par les chansons géniales des Shins et en même temps un brin déçu, déçu de ne pouvoir les approcher sans me frayer un passage dans la jungle nord-vietnamienne qui s’agglomère stupidement dans le parc de Saint-Cloud. Je me ressaisis lorsque que James Mercer entonna à pleins poumons le mirifique refrain de Saint Simon, chef d’œuvre d’entre les chefs d’œuvre. Leur prestation s’acheva par un concert d’applaudissements (!), puis le calme revint en attendant les prochaines têtes d’affiche et parlons-en, ce sont les Hives qui se préparaient à entrer sur scène. Le groupe débarque comme à son habitude, accoutré à la mode fifties, ce qui en soit m’apparut intéressant, mais c’était sans compter sur leurs visages, interminablement étirés ou passablement gros, figures blêmes rappelant les furieuses caricatures d’Honoré Daumier et puis cette affreuse manie du chanteur de crier toutes les dix secondes « The Hives ! » comme s’ils étaient les Stones ou les Doors. Car à l’arrivée, la vérité m’est pénible, mais il n’y a pas dans leur répertoire répétitif une once de génie, ne serait-ce qu’un quart de mélodie, pas l’ombre d’une idée, nada ! Les Hives sont mauvais et laids ! La comédie s’achève enfin, une puissante vibration traversa tout mon corps : je songeai à Arcade Fire.
Chapitre 6, deuxième partie
Il est 5 heures, Saint-Cloud s’éveille et les festivaliers sont au rendez-vous, moi je me précipite vers la scène de la Cascade où les Hey Hey My My s’apprêtent à jouer dans la chaleur pastorale. La fosse est clairsemée pourtant le show sans esbroufe me ravit par sa coolitude pop folk assumée, ces mecs sont des geeks, ça se voit comme le nez de Zappa au milieu de la figure. On sent les rats de vinylothèque cherchant parmi les monticules ordonnés et classés des perles oubliées, on songe aussi à ces discussions improbables comme « Wouah, la ligne de basse à la McCartney ! » auquel l’autre répond par un laconique « Yeah, moi je kiffe surtout les arpèges de guitares dans la droite lignée Byrdsienne période Crosby ». La journée commençait et j’étais d’excellente humeur, heureux, en paix avec moi-même et en harmonie avec l’univers, prêt à descendre le moindre pseudo apprenti rocker qui jugerait opportun de proposer une performance plus bootsée que boostée. En bon geek ne causant qu’avec des nerds fans des sixties, je jugeais bon de snober les concerts d’Emilie Simon et des Noisettes, bifurquant avec mes amis vers la Grande Scène où Mogwaï déballait ses longues jams en boucles cinématographiques. Tout en balançant nonchalamment mon corps dans une chorégraphie maintes fois travaillée, je me préparais mentalement aux deux vrais shows de la soirée, ceux des Shins et d’Arcade Fire. Les Shins arrivent et le bonheur de les retrouver se fait vivement ressentir, cependant à mesure que les morceaux s’enchaînent, je perçois comme un malaise : ces zélateurs d’une pop parfaite me semblent alors plus faits pour des salles confinées, confidentielles, ici ils sont jetés en pâture à la masse pavlovienne qui brandit qui un briquet qui un drapeau breton, un drapeau breton ??? Merde, rentrez chez vous, affreux bigoudens en sabots ! Qu’on arrête de brandir ces étendards, symboles navrants d’un indépendantisme qui n’a plus lieu d’être, surtout dans un festival à la programmation internationale. Bref, je suis à la fois et fort paradoxalement transporté par les chansons géniales des Shins et en même temps un brin déçu, déçu de ne pouvoir les approcher sans me frayer un passage dans la jungle nord-vietnamienne qui s’agglomère stupidement dans le parc de Saint-Cloud. Je me ressaisis lorsque que James Mercer entonna à pleins poumons le mirifique refrain de Saint Simon, chef d’œuvre d’entre les chefs d’œuvre. Leur prestation s’acheva par un concert d’applaudissements (!), puis le calme revint en attendant les prochaines têtes d’affiche et parlons-en, ce sont les Hives qui se préparaient à entrer sur scène. Le groupe débarque comme à son habitude, accoutré à la mode fifties, ce qui en soit m’apparut intéressant, mais c’était sans compter sur leurs visages, interminablement étirés ou passablement gros, figures blêmes rappelant les furieuses caricatures d’Honoré Daumier et puis cette affreuse manie du chanteur de crier toutes les dix secondes « The Hives ! » comme s’ils étaient les Stones ou les Doors. Car à l’arrivée, la vérité m’est pénible, mais il n’y a pas dans leur répertoire répétitif une once de génie, ne serait-ce qu’un quart de mélodie, pas l’ombre d’une idée, nada ! Les Hives sont mauvais et laids ! La comédie s’achève enfin, une puissante vibration traversa tout mon corps : je songeai à Arcade Fire.
Il est 5 heures, Saint-Cloud s’éveille et les festivaliers sont au rendez-vous, moi je me précipite vers la scène de la Cascade où les Hey Hey My My s’apprêtent à jouer dans la chaleur pastorale. La fosse est clairsemée pourtant le show sans esbroufe me ravit par sa coolitude pop folk assumée, ces mecs sont des geeks, ça se voit comme le nez de Zappa au milieu de la figure. On sent les rats de vinylothèque cherchant parmi les monticules ordonnés et classés des perles oubliées, on songe aussi à ces discussions improbables comme « Wouah, la ligne de basse à la McCartney ! » auquel l’autre répond par un laconique « Yeah, moi je kiffe surtout les arpèges de guitares dans la droite lignée Byrdsienne période Crosby ». La journée commençait et j’étais d’excellente humeur, heureux, en paix avec moi-même et en harmonie avec l’univers, prêt à descendre le moindre pseudo apprenti rocker qui jugerait opportun de proposer une performance plus bootsée que boostée. En bon geek ne causant qu’avec des nerds fans des sixties, je jugeais bon de snober les concerts d’Emilie Simon et des Noisettes, bifurquant avec mes amis vers la Grande Scène où Mogwaï déballait ses longues jams en boucles cinématographiques. Tout en balançant nonchalamment mon corps dans une chorégraphie maintes fois travaillée, je me préparais mentalement aux deux vrais shows de la soirée, ceux des Shins et d’Arcade Fire. Les Shins arrivent et le bonheur de les retrouver se fait vivement ressentir, cependant à mesure que les morceaux s’enchaînent, je perçois comme un malaise : ces zélateurs d’une pop parfaite me semblent alors plus faits pour des salles confinées, confidentielles, ici ils sont jetés en pâture à la masse pavlovienne qui brandit qui un briquet qui un drapeau breton, un drapeau breton ??? Merde, rentrez chez vous, affreux bigoudens en sabots ! Qu’on arrête de brandir ces étendards, symboles navrants d’un indépendantisme qui n’a plus lieu d’être, surtout dans un festival à la programmation internationale. Bref, je suis à la fois et fort paradoxalement transporté par les chansons géniales des Shins et en même temps un brin déçu, déçu de ne pouvoir les approcher sans me frayer un passage dans la jungle nord-vietnamienne qui s’agglomère stupidement dans le parc de Saint-Cloud. Je me ressaisis lorsque que James Mercer entonna à pleins poumons le mirifique refrain de Saint Simon, chef d’œuvre d’entre les chefs d’œuvre. Leur prestation s’acheva par un concert d’applaudissements (!), puis le calme revint en attendant les prochaines têtes d’affiche et parlons-en, ce sont les Hives qui se préparaient à entrer sur scène. Le groupe débarque comme à son habitude, accoutré à la mode fifties, ce qui en soit m’apparut intéressant, mais c’était sans compter sur leurs visages, interminablement étirés ou passablement gros, figures blêmes rappelant les furieuses caricatures d’Honoré Daumier et puis cette affreuse manie du chanteur de crier toutes les dix secondes « The Hives ! » comme s’ils étaient les Stones ou les Doors. Car à l’arrivée, la vérité m’est pénible, mais il n’y a pas dans leur répertoire répétitif une once de génie, ne serait-ce qu’un quart de mélodie, pas l’ombre d’une idée, nada ! Les Hives sont mauvais et laids ! La comédie s’achève enfin, une puissante vibration traversa tout mon corps : je songeai à Arcade Fire.