Ce lundi, le candidat Sarkozy reçoit le corps diplomatique pour les voeux, puis enchaîne avec une « vraie » conférence de presse sur les enjeux des prochains G20 et G8. Une belle occasion de revenir sur les échecs diplomatiques du Monarque français avec cet abécédaire non exhaustif.
Afghanistan
En avril 2007, Sarkozy expliquait que « la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive.» A peine élu, il change d'avis, et envoie des renforts. La France réintègre le commandement intégré de l'OTAN. En août 2009, un scrutin présidentiel est organisé comme prévu: un coût faramineux, des attentats, une participation médiocre, et pour finir, deux candidats qui se réclament victorieux dès le premier tour. Sarkozy est le seul à applaudir. La France devient la cible de prise d'otages.
Copenhague
En 2009, après l'échec UMPiste aux élections européennes, Nicolas Sarkozy s'était décidé à utiliser la cause écologiste pour redorer son blason. En fin d'année, le sommet de Copenhague devait être le point d'orgue de ce renouveau. Comme toujours, Sarkozy promit l'impossible. Comme souvent, il se révéla incapable de convaincre Obama et Hu Jintao, malgré ses grandes déclarations. Il a joué à l'écolo pour rien.
Crise
On l'oublie, mais Sarkozy a été complètement dépassé par la crise boursière puis financière de l'automne 2008. Fin août 2008, quelques jours avant la disparition de la banque d'affaires Lehman Brothers, il n'avait rien vu, rien prévu. Pourtant, depuis des semaines, les nouvelles du front américain étaient inquiétantes. Les premières faillites bancaires ont débuté voici des mois. La crise des subprimes envoi déjà des milliers d'Américains au tapis. Tétanisé, Sarkozy met 15 jours avant de réagir officiellement au krach boursier qui suit la disparition de la banque d'affaires. Sans idée ni leadership, il finit par suivre ses collègues Brown (qui a imposé le soutien au crédit intra-bancaire) et Merkel (qui a lancé un plan de relance plus tôt que les autres). Plus tard, il expliquera qu'il a sauvé le monde.
Droits de l'homme
Quand Barack Obama reçoit le président Hu Jintao, il impose à son hôte un exercice de questions/réponses avec la presse, il laisse les manifestants pro-Tibet, et il ne s'abstient pas de féliciter le prix Nobel de la Paix Liu Xaobo. Quand Nicolas Sarkozy reçoit Hu Jintao, il fait placer des figurants chinois dans les rues de Paris et de Nice, et se couche. En août 2008, Sarkozy fut l'un des rares dirigeants occidentaux à se rendre à l'inauguration des J.O. de Pékin. En décembre 2007, Sarkozy accueille le colonel Kadhafi en grandes pompes à Paris. Sans être naïf sur les contingences diplomatiques, on espérait plus de retenue. Plus généralement, le soutien ostensible aux pires dictatures du moment (Libye, Tunisie, Syrie), le silence prudent face aux exactions israëliennes à Gaza début 2009 ont brouillé l'image de la France. La diplomatie française est désormais raillée pour sa partialité, tantôt donneuse de leçon, tantôt complice silencieuse de ses dictatures-partenaires commerciaux.
Europe
En juillet 2007, Sarkozy « débloque » l'Europe en négociant un traité simplifié dit de Lisbonne. Ratifié en janvier, il est retoqué par un référendum irlandais en juillet, puis charcuté en décembre suivant. Entre juillet et décembre 2008, la présidence française de l’union européenne n’a pas servi la cause européenne. Le Monarque a joué les Etats contre l’Europe ; troublé le couple franco-allemand par son rapprochement avec le Royaume Uni pour l'Union de la Méditerranée, avant de tenter de le conforter. En décembre 2009, elle se dote d'un président pour deux ans. Sarkozy suit Merkel et fait élire un inconnu sans charisme qui ne dérangera personne. Financièrement fragilisée, la France n'a plus qu'à suivre l'Allemagne.
Etats-Unis
La situation est paradoxales. Avant 2007, Sarkozy aimait à se présenter comme atlantiste et pro-américain. Son soutien à une administration Bush totalement décrédibilisée et haïe de par le monde était complètement anachronique. Obama élu, Sarkozy fait le jaloux. « On a hâte qu'il se mette au travail et qu'on change le monde avec lui » est son seul commentaire officiel lors de l'intronisation du nouveau président américain. Depuis, Obama le snobe aisément tel qu'il en a l'occasion.
Françafrique
C'est en Afrique que l'échec diplomatique de Sarkozy fut le plus flagrant. Dix semaines après son élection, il prononce un incroyable discours aux accents racistes, à Dakar, sur l'homme africain insuffisamment entré dans l'histoire. Plus tard, il vire Jean-Marie Bockel de la Coopération sur instruction d'Omar Bongo. Le successeur Joyandet accumule les bourdes, félicitant les putchistes guinéens (contre l'avis américain), puis la succession truquée d'Omar par Ali Bongo au Gabon. En juillet 2010, Sarkozy promet un nouveau partenariat, plus élargi. La présence militaire française s'est réduite, mais l'influence économique également. Les Chinois ont pris le relais. La Françafrique agonise. En décembre 2010, Wikileaks nous apprend qu'un responsable de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) confiait à un diplomate de l'ambassade américaine au Cameroun que le pouvoir Bongo a financé Sarkozy. En France, le ministère de la justice fait tout ce qu'il peut pour bloquer les instructions contre les détournements de fonds de quelques présidents africains alliés.
Géorgie
Il « présidait » l'Union européenne depuis le 1er juillet précédent. Quand la Russie envahit la Géorgie voisine, dont le président atlantiste ne cessait de jouer au provocateur, Sarkozy intervient. Il tente de faire croire qu'il avait sauvé le petit Etat. Un peu avant son discours aux ambassadeurs, la Russie annonçait qu'elle reconnaissait l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, deux anciennes provinces géorgiennes. Sarkozy, désavoué par son ami Medvedev, condamne, mais n'y peut pas grand chose. En août 2010, la Russie déploie des missiles en Abkhazie, et la Sarkofrance se tait.
Gouvernance
C'est la grand dada de Sarkozy depuis la crise de 2009. A chaque fois qu'il le peut, il réclame l'arrivée de l'Inde, du Brésil et d'un pays d'Afrique au sein du Conseil de Sécurité. Sur ce coup, il a raison. L'équilibre géostratégique du monde est bouleversé. Mais pour convaincre, Sarkozy s'y prend mal. Il s'attache le soutien de quelques pays dits émergents alors qu'il faut convaincre les Etats-Unis, la Russie et la Chine. Il promeut également le soutien au développement des pays pauvres. Mais ses belles paroles ne sont jamais suivies d'effet. La Sarkofrance reste mesquine quand il s'agit d'aider le tiers-monde. La France ne consacre que 0,44% de son PIB à l'aide publique au développement. Et le gouvernement Fillon s'amuse à y inclure davantage de prêts rémunérés, tout en réduisant ses dons, notamment en matière sociale afin de gonfler le chiffre.
Iran
L'Iran, c'est le Grand Satan de Nicolas Sarkozy, l'incarnation du mal absolu. Depuis son élection, il joue au taurillon, menaçant l'Iran de représailles militaires s'il s'équipe d'armement nucléaire. Quand une Française, Clothilde Reiss, prisonnière à Téhéran après un procès inique, paye l'affront français, Sarkozy continue de hurler sa détermination. En coulisses, la France négocie la rançon. Et quand la Russie équipe l'Iran, Sarkozy se félicite de la mise en service de la centrale de Boucher, alimentée par du combustible russe.
Italie
Il s'est remarié avec un Italienne qui n'aime pas Berlusconi, son grand ami. En février 2009, Sarkozy signe avec son copain transalpin un accord nucléaire. De part et d'autre des Alpes, les deux chefs d'Etat font l'objet de multiples comparaisons. Les frasques berlusconniennes avec des mineures et des prostituées ont conduit Sarkozy à s'éloigner de cet ami encombrant.
Kouchner
En mai 2007, Sarkozy débauche Kouchner des rangs de la gauche. C'est une prise de guerre à usage politique interne. Pour la diplomatie française, c'est une catastrophe. Kouchner agace les diplomates. Son incompétence énerve. L'homme est rapidement marginalisé par le Sherpa du président. Pire, Sarkozy n'a pas vu venir le scandale. Kouchner était consultant pour quelques potentats africains auxquels il réclame le paiement de quelques factures après sa nomination au ministère des Affaires Etrangères. Il place ses proches, y compris sa compagne à la tête de l'Audiovisuel Extérieur de la France. « «Je les ai suffisamment gavés ces deux là!» commentera Sarkozy plus tard en pensant au couple Kouchner/Ockrent.
Otages
Quand deux journalistes de France 3 sont kidnappés par des Talibans, Sarkozy s'énerve contre ... eux. Il ne fallait pas enquêter là-bas. Des mois plus tard, Michel Germaneau, un autre otage, est attrapé en Mauritanie, puis meurt en détention en juillet 2010. En octobre, 7 collaborateurs d'Areva sont faits prisonniers. Sarkozy est prudent. En janvier, deux jeunes Français sont kidnappés dans un restaurant de Niamey. Sarkozy ordonne l'intervention immédiate des Forces spéciales. Les deux Français meurent dans des conditions troubles. L'enquête démarre. On comprend juste que Sarkozy devenu candidat à sa propre réélection a changé d'approche. Comme par hasard.
Paradis fiscaux
Passées les premières secousses boursières, Sarkozy endossa un costume de régulateur, qu'il exhibe à chaque rencontre internationale. Grâce à la France, le G20 est créé. Grâce à Sarkozy, on croit pendant quelques mois que les paradis fiscaux ont disparu. En avril 2009, au G20 à Londres, puis au sommet de l'OTAN à Strasbourg, Sarkozy caricature le débat, exagère ses colères et nous faire croire que le G20 a mis un terme à l'évasion fiscale et a trouvé une réponse commune à la crise économique : c'est simplement faux. Il n'y a aucun plan coordonné, aucune mesure de rétorsion concertée contre la fraude fiscale, et la liste des paradis fiscaux est ridiculement étroite. On déchante assez vite. Les paradis fiscaux ont simplement changé d'appellation.
Proche-Orient
On aurait pu croire que Sarkozy mettrait son crédit personnel auprès des autorités israéliennes au service de la paix. Que nenni ! Sarkozy fut inexistant. En janvier 2009, Israël attaque et bombarde Gaza. Sarkozy file au Proche Orient, pour stigmatiser le Hamas au moment même où les chars israéliens entraient dans la bande de Gaza. L'opération Plomb durci durera une vingtaine de jours et 1400 morts. En mai 2010, quand l'armée israélienne attaque un convoi maritime humanitaire en route pour Gaza bloqué, la Sarkofrance tarde à réagir.
Rom
En juillet 2010, il suffit d'un fait divers, dramatique certes, pour Nicolas Sarkozy déclenche au chasse aux Roms. La presse internationale s'indigne. L'ONU et le Conseil de l'Europe protestent. La commission européenne menace de sanctions si la discrimination officielle de la communauté rom est avérée. Même le pape Benoît XVI réagit. Sarkozy s'empourpre. En septembre, on découvre l'existence d'un fichier ethnique de gendarmerie, puis d'une circulaire officielle ciblant explicitement les Roms pour la destruction des camps illicites. L'image de la France est durablement affaiblie.
Russie
Quand il était candidat, Sarkozy voulait marquer sa rupture avec Chirac. Il critiquait volontiers la complaisance française avec l'autoritarisme de Vladimir Poutine. A peine élu, Sarkozy fait rapidement ami-ami avec Poutine, devenu allié stratégique. Il insiste pour lui vendre des navires de guerre, suscitant l'inquiétude des Etats-Unis et de l'Allemagne. Et pas un mot sur la dictature russe.
Tunisie
L'exécutif français n'a rien venu venir, comme d'autres. Il est allé jusqu'à soutenir jusqu'au bout le régime autocratique local. Ben Ali parti, Sarkozy a attendu 24 heures pour prononcer ses premiers mots d'encouragement officiel en faveur du processus démocratique. En pleine crise, et malgré une soixantaine de morts, la ministre Alliot-Marie propose le soutien de la police française. Ce fiasco questionne la compétence diplomatique française.
Wikileaks
En décembre, le site publie, avec l'aide de 5 quotidiens de référence, quelques 250.000 notes diplomatiques américaines. La diplomatie française et Nicolas Sarkozy en prennent pour leur grade. Nicolas Sarkozy y apparaît comme un « Empereur nu », « susceptible » et « autoritaire ». La prétendue intervention syrienne pour faire libérer Clotilde Reiss était un bobard.
Pour 2011, Nicolas Sarkozy nous a promis une année diplomatique utile, avec la présidence française des G20 et G8. Il multiplie les déplacements, avec son nouvel avion. Pour l'instant, on a peine à voir ce qu'il en ressort. En Inde, son voyage fut glamour et people. Aux Etats-Unis, il n'a pas convaincu Obama. Au début, Sarkozy jouait au modeste. Il promettait simplement de discuter de la régulation des marchés (financiers et matières premières). Plus l'année avance, plus il s'emballe. Lors de ses voeux à la Culture, il sort l'idée d'un G20 des droits d'auteur. Aux agriculteurs, il s'engage sur une transparence des marchés. On sait que tout ceci n'est qu'agitation électoraliste. A Séoul, en novembre dernier, il a même préféré sécher l'essentiel du sommet du G20 pour quelques célébrations françaises locales mineures.
On connaît la chanson.
Magazine France
Dossiers Paperblog
- Politique
- Politique
- Actu
- Monde
- Personnalités politiques
- Actu
- Europe
- Europe
- Monde
- Sociétés
- Hommes d'affaires
- Hommes d'affaires
- Personnalités politiques
- Politique
- Politique
- environnement
- Europe
- Personnalités politiques
- Personnalités politiques
- Personnalités politiques
- Monde
- Personnalités politiques
- Monde
- Finance
- Personnalités politiques
- Actu