Mais les gays et lesbiennes bénéficieront-ils de cette nouvelle liberté?
Comme dans la plupart des pays arabes, l'homosexualité est interdite en Tunisie.
Depuis 1913, le code pénal tunisien sanctionne "la sodomie entre adultes consentants" de trois ans de prison, même si dans les faits, la communauté homosexuelle jouit d'une liberté relative.
La révolution va-t-elle améliorer les choses?
Dans les faits l'homosexualité est mieux acceptée en Tunisie que dans d'autres pays arabes ou musulmans.
Les textes législatifs de pénalisation sont peu utilisés.
C'est surtout la société qui est conservatrice.
Depuis 7 ou 8 ans, apparait une scène homosexuelle. Il y a des poches de tolérances, d'abord dans les milieux artistiques et culturels et dans quelques villes.
Mais dans le reste de la société, l'homosexualité est très réprouvée.
Le problème en Tunisie, comme au Maroc, c'est la prise de parole.
Le vrai interdit, ça n'est pas d'avoir des pratiques homosexuelles, c'est de se dire homosexuel(le).
Deux hommes qui vivent ensemble, ça ne choque pas. Mais ils ne doivent rien revendiquer, et se taire.
Mais beaucoup n'auraient jamais cru que le peuple tunisien puisse se soulever.
Et beaucoup pensaient que si cela arrivait, ce serait avec les Islamistes.
Mais dans les manifestations, le principal slogan n'était pas "Allah Akbar!" ou "Du pain!" mais "Emploi, liberté et dignité nationale!" Les revendications sont très politiques.
Les droits des gays, personne n'en parle.
Mais il y a une forte demande de liberté, de respirer, contre la censure. C'est un climat favorable à une évolution.
Pendant longtemps la Tunisie a été un pays sans liberté.
La masse des Tunisiens est plutôt homophobe, soit de manière volontaire, soit inconsciemment, mais une avant-garde favorable aux droits homosexuels et plutôt occidentalisée, émerge.
Il faut dire qu'un dixième des Tunisiens vit en Europe. Ils y prennent des habitudes de liberté qu'ils rapportent dans leurs valises quand ils viennent en vacances ou rentrent en Tunisie.
La Tunisie est à un moment historique où elle peut emprunter une voie ou l'autre.
On peut imaginer que les droits des gays et lesbiennes suivent le mouvement dans cette movida tunisienne.
Mais il peut aussi y avoir une méfiance face à l'instabilité, avec la volonté de retrouver un homme fort.
Mais dans tous les cas la Tunisie ne reviendra jamais à un régime comme celui de Ben Ali.
Il faut être prudemment optimiste.
L'important est en effet aussi que si les LGBT obtiennent des droits en Tunisie, d'autres pays arabes et musulmans, notamment dans la Maghreb, devront aussi voir la réalité homosexuelle.
Seigneur, donne la liberté d'aimer.