Ci-dessous, vous trouvez des extraits (qui pourront être modifiés dans les prochaines semaines), parties d'un Manifeste, qui sera publié gratuitement en format numérique dans les trois prochains mois. Après 25 siècles d'Histoire des peuples, après que les Grecs aient inventé la démocratie, "la Politique" n'a jamais autant concerné d'habitants de cette planète désormais "unifié" par des conditions de vie semblables et des réseaux de communication, mais également n'a jamais autant été considérée avec crainte voire même horreur par beaucoup de citoyens. C'est que, à travers "la Politique", le génie des maux semble avoir trouvé sa place de confort et inspirer le pire. Et des professionnels de la Politique se félicitent même publiquement de pouvoir susciter et développer ses maux : détruire des emplois par exemple est tellement jouissif... Politique et Vie Erotique paraissent donc absolument antinomique. Il y aurait d'un côté ce qui est sérieux et sévère et de l'autre ce qui est léger et superficiel. Pour tous les chantres des divisions superficielles mais rassurantes, les développements de ce Manifeste et de cet ouvrage seront incompréhensibles, inaudibles, et ils peuvent passer leur chemin. Pour celles et ceux qui ont encore un questionnement sur le sens même de "la" Politique ou encore pour celles et ceux qui peuvent encore, malgré les faits dramatiques, penser qu'il existe une inspiration de celle-ci par "le" Bien, cette énigme, et pour tous les citoyens du monde qui savourent leurs libertés civiques, ces pages actuelles et à venir devraient avoir un sens. Le fichier PDF qui termine cette note est une synthèse d'extraits qui traitent d'aspects différents, qui seront tous développés, dans le Manifeste.
"La vie érotique, à savoir la vie humaine désireuse d'une vie humaine considérée esthétiquement ET affectueusement, ne se réduit pas à ce qu'une langue française moderne entend cantonner dans le «monde de l'érotisme», clubs, boites échangistes, photographes, modèles, films. Ce qui s'exprime dans ce «monde» provient de ce qui se situe en deça de lui, à savoir un espace civique dans lequel la vie érotique existe déjà, dans lequel elle tente d'exister et existe de plus en plus. Dans la vie érotique, il y a un désir-attente, et un désir-volonté, couplés : être en présence de celles et de ceux que je ne suis pas pour être en présence, pour être avec, pour comprendre, voir, partager avec, être en présence de celles et de ceux qui me donnent tout ce qu'ils ont/sont, et faire en sorte de transmettre, de faire passer, de donner sans perdre, de soi et de ses «biens» à ces présents, mes amis ou celles et ceux que je sais être tels, ou que je crois savoir être tels. L'un des plaisirs érotiques fondamentaux, la vision, n'est pas réduite à un événement rare et de fin de semaine, puisqu'il nous est donné de voir chaque jour, chaque nuit, de voir celles et ceux que nous ne sommes pas, celles et ceux que nous ne connaissions pas. L'art photographique accumule depuis 150 ans les «clichés», ces traces de la présence magnétique. Mais la conscience de ce qui advient permet d'aller toujours plus loin : s'il ne suffit pas de se vouloir photographe de la vie érotique pour l'être, il suffit de ne pas se vouloir tel pour être assuré de ne pas l'être. Mais certains ont heureusement compris les chances que les nouvelles techniques de révélation optique leur offraient, et ils ont ressenti en eux et en dehors l'appel pour une telle expression de la vie érotique, une expression esthétique et affectueuse de cette chair qui n'est pas triste. La vie érotique est un fait : il y a les vies amoureuses, il y a les représentations de cette vie, il manque seulement une «Politique Erotique» qui soit une politique civique ouverte, fondée sur la reconnaissance de ce que les autres nous donnent et sur le goût de faire du bien aux autres.
Il faut et il faudra le répéter : une Politique Erotique n'est pas une politique hédoniste, de tous les plaisirs, quels qu'ils soient, n'est pas une Politique Libérale du Laisser-aller-et-faire, puisqu'il existe indéniablement des «plaisirs» mauvais, mauvais pour celles et ceux qui les éprouvent ou les subissent, des plaisirs qui, fondés sur l'ignorance, se retournent contre celles et ceux qui les vivent. Chacun pense bien sur aux exemples simples et archi-connus : une vie sexuelle débridée, sans protection, et les MST menacent, sans parler du SIDA himself. Mais il n'y a nulle raison de se focaliser et de se limiter à ce type de plaisirs, car c'est toute la totalité humaine qui est concernée par des plaisirs mauvais, de la tête aux pieds. Le sadisme réel (et non pas les pratiques SM mesurées et bien étudiées par leurs actants) est foncièrement mental, et les actes accomplies contre les corps sont souvent appréciés par des personnes qui ne les exécutent pas, mais les souhaitent et les soutiennent. Mais il y a aussi les plaisirs «centraux», ceux qui concernent le centre de la physiologie humaine, à savoir le ventre, et il y a tant d'aliments dont les saveurs sont certes agréables mais néfastes à notre santé. Toutefois, tant que ces plaisirs sont individuels et assumés par l'individu, une Politique Erotique ne doit pas avoir pour objet de les interdire, mais de fournir tous les éléments propres à une réflexion personnelle. A l'inverse, si la Politique Erotique n'est pas une politique hédoniste, elle est foncièrement une Politique qui vise à favoriser et protéger les droits des plaisirs des citoyens, contre toutes les prétentions du «Bien»-négateur. Ces prétentions sont exemplairement et tragiquement proclamées par l'Etat iranien actuel qui entend explicitement limiter ou interdire désirs et plaisirs, au nom d'une prétendue Volonté transcendante, contradictoirement comprise comme source de l'Incarnation et négatrice de ce qui symbolise le plus la dite Incarnation, les plaisirs. Le Tout-plaisir conduit à une fin rapide, le non-aux-plaisirs fait souffrir les coeurs ardents. Car une Politique Erotique est avant tout une Politique en faveur des affections, des sentiments humains, ET une politique «affectueuse», qui s'intéresse aux citoyens et prend soin d'eux.
A notre époque, le Gai savoir s'est réduit (...)
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