Les responsables européens ont cherché à rassurer lundi sur l'état de santé de leurs économies, après le plongeon dans la journée des Bourses mondiales, tout en laissant percer une inquiétude grandissante face au ralentissement aux Etats-Unis.
"Il semble que les marchés envisagent la possibilité d'un ralentissement plus prononcé" qu'attendu de la croissance aux Etats-Unis, "peut-être même d'une récession", a déclaré à Bruxelles à la presse le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia.
"J'espère qu'ils vont aussi prêter attention aux informations sur l'économie réelle, en particulier en Europe, et qu'ils vont retrouver leur calme", a-t-il ajouté, avant une réunion des ministres des Finances de la zone euro (forum de l'Eurogroupe).
Les Bourses européennes et asiatiques ont lourdement plongé lundi, les investisseurs se montrant déçus par le plan de relance de 140 milliards de dollars proposé vendredi par le président américain George W. Bush, insuffisant à leur yeux pour redresser l'économie des Etats-Unis.
"J'espère que les mesures de l'administration américaine" et celles que pourrait prendre la banque centrale américaine "pourront contrer ces risques", a dit M. Almunia.
Outre le plan de baisses d'impôts annoncé par le président américain, qui ambitionne de faire repartir la consommation des ménages principalement, la Réserve fédérale a laissé entendre qu'elle pourrait bientôt baisser ses taux d'intérêt en vue de soutenir une activité fléchissante.
M. Almunia a estimé que "les fondamentaux économiques de nos économies (en Europe, ndlr) sont sains" et jugé qu'elles étaient "moins dépendantes de l'économie américaine que par le passé", même si la crise financière pourrait les "affecter".
Il n'empêche que la persistance de cette crise freine aussi l'activité en Europe.
"Nous sommes tous inquiets" au sujet de l'impact sur l'Europe, "nous suivons les événements de manière quotidienne et espérons que la situation n'est pas aussi mauvaise qu'elle en a l'air", a déclaré le ministre slovène des Finances, Andrej Bajuk, dont le pays préside l'Union européenne.
Le ministre espagnol des Finances, Pedro Solbes, a également fait état de perspectives conjoncturelles "moins bonnes que ce que nous attendions" aux Etats-Unis, tout en invitant à ne pas donner une importance "excessive" à la glissade du jour sur les marchés boursiers.
La Commission européenne a depuis plusieurs semaines préparé le terrain à une révision en baisse de sa prévision de croissance pour la zone euro cette année, qui est actuellement de 2,2%.
Le gouvernement espagnol, confronté à un essoufflement du marché immobilier, vient d'abaisser sa propre prévision de croissance pour 2008 à 3,1% contre 3,3% auparavant, à cause de la crise financière mondiale.
La France vient elle de reconnaître que la croissance nationale serait plus proche de 2% que de 2,5%. Et le gouvernement allemand doit dévoiler mercredi un nouveau pronostic pour cette année, qui devrait selon la presse être de 1,7%. Soit un net coup de frein après les 2,5% enregistrés en 2007.
La crise financière va avoir "des conséquences" sur l'économie allemande, mais celle-ci va continuer à croître, a indiqué lundi le porte-parole du gouvernement allemand Ulrich Wilhelm.
"La zone euro se trouve toujours dans une phase de croissance, même avec des données négatives", a déclaré M. Wilhelm, ajoutant: "Nous ne sommes pas dans une situation comparable" à celle des Etats-Unis, qui risquent la récession.
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