Coupable ou non coupable ?

Huit clos parfaitement orchestré, 12 hommes en colère assure toujours un spectacle intemporel. Sans le noir et blanc, on aurait du mal à croire qu’il soit sortit il y a plus de 50 ans. En un mot, magistral.

Tourner un film dans une seule pièce est un challenge prisé des cinéastes. Il suffit de revenir quelques mois en arrière pour le remarquer avec Buried, où un camionneur se retrouve enterré vivant. 12 hommes en colère se prends au jeu en filmant un jury de 12 hommes devant délibérer sur le sort d’un jeune garçon accusé d’avoir assassiné son père. C’est le jour le plus chaud de la semaine, un match de Baseball a lieu le soir, personne n’a vraiment envie de s’y attarder. Pour que le jeune homme passe sur la chaise électrique, il doit y avoir unanimité. Problème, ils ne sont que onze à voter coupable. Ils vont essayer de raisonner leur camarade mais ses arguments déclenchent le doute. C’est le début des confusions pour des individus sur qui repose la vie d’un garçon pauvre et battu par son père. 12 hommes en colère est le premier film de Sidney Lumet et à ce jour l’un des films les plus respectés. Un huit clos, enfin si on ne tient pas compte des courtes séquences du début et de la fin se déroulant à l’extérieur de la pièce, techniquement impeccable sur fond de dénonciation du système judiciaire.

La caméra glisse vers les personnages et étouffe le spectateur dans un flot de paroles, se pose doucement sur des visages fatigués par la chaleur. Le temps orageux force l’enlisement d’un jury qui n’arrive pas à prendre de décisions, qui se remets en questions sans s’attacher aux causes du meurtre mais seulement aux faits. Le procès tenu avant la réunion semble avoir été expédié sous les témoignages. Un leader orchestre le débat, et c’est le type ayant voté  non coupable en premier. Il ira même jusqu’à simuler la marche d’un vieillard pour vérifier la vraisemblance d’un propos. Il ramène dans son camp de plus en plus de voix, mais le ton monte et les insultes détonnent. La violence verbale ne conduira pourtant jamais à la violence physique, les individus ayant peur de libérer leurs pulsions. Il y a de tout, des vieux cabochards  aux jeunes adultes qui comprennent l’éventualité d’un doute. Chaque personnage tient un caractère précis, le doyen incarne la sagesse alors que d’autres se lient à l’ignorance. Le regret singularise un gars qui n’a vu son fils son fil depuis des années. 12 hommes en colère est un film qui empreinte nos émotions pour nous faire ressentir la haine envers ceux qui affirment que le « criminel » doit mourir, qu’il est strictement inutile de remettre en cause les témoignages et les premières preuves. Viendra ensuite le mépris envers ces individus qui se moquent du sort d’un garçon né dans la misère. L’incertitude de la justice passe sous la moulinette d’une critique aussi humaniste que misanthrope. Un film à soumettre aux partisans de la peine capitale, vraiment.

12 hommes en colère de Sidney Lumet (U.S.A, 1h35, 1957)