Enfin Veuve : l’agaçante et décevante comédie d’Isabelle Mergault

Par Thibault

Actrice pour le théâtre et le cinéma, Chroniqueuse hors du commun, avec sa patate chaude dans la bouche, et son look d’auvergnate refoulée, Isabelle Mergault s’est longtemps cherchée. Un jour, elle décide de passer derrière la caméra, à la réalisation. Le résultat est Bluffant en 2006, avec « Je vous trouve très beau ». Mais décevant avec son deuxième long métrage « Enfin veuve » sortie dans les salles depuis le 16 janvier.


Ouf ! Enfin veuve ! Anne-Marie alias Michelle Laroque aurait voulu le crier au monde entier. Elle vient de perdre son mari dans un accident de voiture et s’en délecte. Elle pourra enfin laisser libre cours à ses sentiments pour Léo, l’homme qu’elle voit en cachette depuis deux ans. Mais c’est sans compter sur une famille trop envahissante…
Entre un fils bourgeois, débile et complètement « neuneu », une sœur un peu folle qui a des lubies d’exorcisme, un grand-père amnésique, une belle-sœur au serre-tête soudé aux cheveux, elle aura de quoi devenir folle ! Surtout que tous voudront lui tenir compagnie afin qu’elle puisse surmonter un chagrin qu’elle n’a pas. Car son mari, de toute façon, elle ne l’aimait plus, alors pour elle, sa mort est une aubaine et non pas un drame comme se plaît à croire sa famille.

Tourné comme une espèce de satire de la famille bourgeoise, le film laisse apparaître des personnages caricaturés à l’extrême, joués par Eva Darlan, Wladimir Yordanoff et Julien Cafaro, trois acteurs et amis de la réalisatrice qui s’étaient déjà donné la réplique dans « Je vous trouve très beau ».
Je trouve que chez les grands bourgeois particulièrement, l’importance de l’image et du qu’en-dira-t-on est énorme, au lieu de dire la vérité à sa famille, quitte à se brouiller, on préfère sauver les apparences. Et ça, j’ai assez fréquenté ce milieu pour savoir que c’est un trait assez bourgeois” raconte la réalisatrice.

Il faut dire qu’elle parvient à retranscrire la psychologie des personnages, parfois même trop. Trop envahissants, trop loufoques, trop de caricature, tue la caricature. Personne ne semble arriver à les maîtriser, ni l’actrice principale, ni la réalisatrice elle-même. Quant à réussir à s’en débarrasser, c’est le même dilemme. Personne ne semble trouver le bon moyen de leur dire enfin leurs quatre vérités. Ainsi au fil des minutes, on commence à sentir arrière goût d’amertume. Une impression de lourdeur, et de paresse. Une espèce de langueur dans le scénario que même les quelques rebondissements, quiproquos et répliques quelques fois amusantes n’arrivent pas à relever.

Alors tout est misé sur l’actrice principale, mais horreur ! Michelle Laroque et ses bafouillements, ses soupirs et les expressions exagérés de son visage ne parviennent pas non plus à égayer ce scénario un poil « gnangnan ». Le film garde son côté « Trop » ! Trop caricaturé, trop langoureux, trop répétitif, trop gentillet. On se surprend à bailler, à s’agacer, on se demande si la vérité éclatera un jour. Et même si, une belle énergie s’en dégage, le film s’avère être une comédie décevante, inquiétante par son manque d’audace et d’originalité.

Isabelle Mergault était sans aucun doute attendu au tournant avec ce deuxième long métrage, surtout après le succès public et critique de « Je vous très beau ». Et bien, le pari est loin d’être remporté, car « Enfin, veuve » marque par sa superficialité et son côté « gnangnan » surtout lors des scènes d’amour entre les deux amants. On trouve ainsi des répliques genre « je ne peux faire ma vie sans toi » tout en chantonnant « Si tu n’existait pas » de Joe Dassin. Un côté téléfilm à l’eau de rose de mauvais goût qui souligne encore plus la lourdeur du film.

Note Shotactu : 3.5/10

Vidéo - Bande-annonce - Enfin Veuve :


Enfin veuve : Bande Annonce

Maêva Levay