La laïcité, un devoir de l’état ? Alors, 0 pointé à Marine et Nicolas :
Le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, repris par le préambule de la Constitution du 4 octobre 1958 :
Nul ne peut-être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances. (…) La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État. »
Avec un petit temps de latence, et conformément à ce que j’ai promis à l’ami des pas perdus il y a quelque temps, je reviens sur cette histoire de prière dans la rue qui a tant fait réagir certains, et pas forcément dans le bon sens, en prenant appui à plus ou moins bon escient sur le concept de laïcité.
Celui-ci me semble avoir été utilisé avec une telle outrance par une certaine grosse blonde à la voix gutturale si peu féminine (et pas seulement par elle, d’ailleurs… hélas) que je vais donc tenter d’expliciter ma propre conception, qui rejoint d’ailleurs son acception française traditionnelle, c’est à dire…. d’avant 2007, et qu’un certain président pratique le mélange des genres, la confusion des concepts et des valeurs, et l’atteinte systématique aux fondements ancestraux de notre société, en n’hésitant jamais à en détourner les symboles fondamentaux. (Ainsi, l’exemple de Jaurès, qui maintenant est repris par le FN, en est un aussi absurde que pitoyable exemple…).
Selon wikipédia, , « est laïc celui qui ne fait pas partie du clergé » (chrétien, sous entendu). C’est mon cas. Ce terme est devenu un adjectif (laïque) « qui désigne en particulier un partisan ou un militant de la laïcité, c’est-à-dire de l’indépendance de la société civile à l’égard des institutions religieuses et du domaine religieux de façon générale ». Jusque là, c’est moi. Tout va bien.
La laïcité est devenue un concept connu en France comme relevant du principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, avec en écho dans l’esprit de beaucoup sa référence juridique obligée, la loi de 1905.
Dire de quelqu’un qu’il est laïque, cela ne signifie pas forcément qu’il soit athée ou agnostique. On peut donc être croyant, laïque, et enseigner dans une école publique. On peut aussi être athée ou agnostique sans être hostile aux institutions confessionnelles ou à la liberté de religion. C’est mon cas également, à la condition expresse que la religion en question ne porte pas atteinte à la dignité humaine, et respecte les droits de l’homme, de la femme, et de l’enfant. Un point c’est tout. Sa liberté de parole et de pensée, par exemple, et un point important à mes yeux. Et ça, c’est déjà plus difficile… dans toutes les religions, je crois.
Pourtant, certaines religions peuvent imposer des pratiques rituelles que je trouve personnellement barbares, comme l’excision ou la circoncision, quelles que soient les prétextes plus ou moins fallacieux qu’on saura y trouver. Et puis, il y a le cas des sectes, encore plus grave, qui très régulièrement violent la liberté de conscience, font du prosélytisme (ainsi, les témoins de Jéhovah), aliènent leurs adeptes par des méthodes et des pratiques déresponsabilisantes, relevant de la manipulation mentale, les dépossèdent de leurs biens, de leur argent (chez les scientologues, c’est une pratique courante), et peuvent aller jusqu’à nier la dignité humaine en pratiquant la pédophilie, les abus de confiance, les mauvais traitements, la polygamie, la non-assistance à personne en danger, des incitations à la haine raciale, voire des trafics de stupéfiants. Quand ce n’est pas jusqu’à conduire ses adeptes… à la mort. L’un des plus fameux exemples en France est celui de l’ordre du temple solaire.
Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, tous les États étaient confessionnels, c’est à dire qu’ils ne distinguaient pas les pouvoirs temporel et spirituel, les autorités religieuses ayant ainsi une réelle puissance politique, comme c’est encore le cas dans de nombreux pays du Maghreb (mais pas seulement) dans lesquels ce concept de laïcité n’existe pas.
En France, avant cette séparation de l’Église et de l’état, on a pu assister à la lutte acharnée contre les Cathares, puis contre les Huguenots au XVIe siècle. Et donc, aujourd’hui, contre les musulmans ? Bien belle défense de la laïcité que celle là, qui cache bien mal son islamophobie.Et fait de la religion catholique une préférence nationale… discriminatoire, et facteur de troubles à l’ordre public.
Pour en revenir à notre siècle, je vous invite, tout comme je l’ai fait, à approfondir votre propre conception du sujet en lisant la Déclaration universelle sur la laïcité au XXIe siècle qui définit trois principes visant à assoir le concept de laïcité :
« respect de la liberté de conscience et de sa pratique individuelle et collective ; autonomie du politique et de la société civile à l’égard des normes religieuses et philosophiques particulières ; non-discrimination directe ou indirecte envers les êtres humains ».
La laïcité est une valeur fondatrice et un principe essentiel de la République Française puisqu’elle s’incarne notamment dans le premier article de notre constitution et dans de nombreuses obligations juridiques. On retrouve ainsi à travers les textes de nos lois le fruit de notre histoire et notamment celui d’un long et périlleux combat anticlérical pour parvenir à la conception actuelle.
On admet, en France, que, pour que l’État respecte toutes les croyances de manière égale, il ne doit en reconnaître aucune, selon ce principe, la croyance religieuse relève du domaine privé.
Je me démarquerai donc à la fois de la laïcité à la sauce Hamon et au colloque sur l’invasion du terrritoire dont est si friande la grosse blonde et ses suiveurs.
Il me semblerait d’ailleurs opportun, comme sans doute à beaucoup, de voir à résilier l’absurde, passéiste et illogique concordat d’Alsace-Moselle, qui va à l’encontre du principe d’égalité défini dans notre constitution, entre autres.. (Article 1 : La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale).
Enfin, je tiens à le dire et à l’écrire, en demandant aux esprits libres qui veulent le demeurer de bien vouloir se méfier de Riposte laïque, association et site internet d’un extrémisme qui me semblent bien proche des thèses du front national, tant son islamophobie est patente. Comme elle porte bien mal son nom… en jouant ainsi sur les amalgames et la confusion !
Précisons pour terminer que la laïcité n’est pas une exception française, et qu’il serait intéressant d’aller voir ailleurs comment elle se dessine… Piste de billet pour un autre blogueur ?
d’autres sources sur le sujet :
- Romain Pigenel
- arrêt sur images
- Thiéry Reboud sur Rue89
- un p’tit wiki est toujours bon à prendre, et vous renvoie à des ressources documentaires plus variées.
post-scriptum : merci à Éric, Baptiste, Amélie et Jessica pour leur excellent travail. Si les autres ne savent pas pourquoi, eux le sauront…