Sorti fin 2009 au Danemark, distribué au compte goutte chez nous fin 2010, le premier album éponyme de Quadron aura été le disque le plus diffusé dans l’émission l’an dernier mais n’a pas encore fait de vagues ailleurs que sur certains blogs francophones sous le charme, malgré quelques passages sur Nova et Inter.
La soul a beau avoir le vent en poupe pour le meilleur et le pire, sans grosse promo ni distribution digne de ce nom, ce duo Scandinave est pour l’instant un secret bien gardé, trop bien gardé.
N’attendez pas qu’un de leurs tubes illustre une pub tv, c’est un premier disque remarquable du début à la fin, doux mais pas mièvre, sophistiqué mais accessible, à la fois vintage et moderne, avec une chanteuse formidable et un producteur extrêmement inventif et doué.
De coup de coeur immédiat il s’est invité au fil des écoutes dans le cercle restreint de mes disques de chevet, de ceux que l’on redécouvre à chaque lecture, qui procurent un plaisir sans cesse renouvelé.
En attendant une tournée qui passera peut être par la France et un second disque déjà bien avancé, Coco et Robin Hannibal ont eu la gentillesse de répondre à quelques questions.
Sami : J’ai découvert votre musique avec le EP de Parallel Dance Ensemble, puis avec Boom Clap Bachelors, pas évident de s’y retrouver, dans combien de formations vous êtes impliqués ?
Robin : Quadron est notre seul groupe en commun.
Boom clap bachelors est un collectif de producteurs dans lequel chante Coco.
Parralel Dance Ensemble est un duo au sein duquel je collabore avec une rappeuse Néo Zélandaise, qui s’appelle, coincidence, Coco Solid, on sort notre prochain maxi au printemps sur le label Permanent Vacation.
J’ai aussi un projet solo plus pour m’amuser, Bobby, et je produis pour d’autres comme leon ware, milosh, andy bey, szjerdene, tandis que Coco chante avec d’autres producteurs comme clubhouse, melo x, chlngr.
Vous vous connaissez depuis combien de temps ?
Depuis 7 ou 8 ans.
Es-ce qu’il existe une scène underground au Danemark ou la musique que vous faites est largement diffusée ?
Non, on doit être une vingtaine d’artistes à Copenhague à faire partie de ce courant, il n’y a pas vraiment de grosse scène musicale Danoise.
Je suis bien incapable de coller une etiquette à l’album de Quadron, comment tu le définirais en quelques mots ?
On va dire « Electronic emo soul »
Quelle musique aviez vous en tête quand vous avez écrit ce disque ?
Pas mal d’influences 60′s sur Slippin et Pressure, je suis fou des productions de Phil Spector et de la pop bubblegum de cette époque.
Coco, elle est très inspirée par Sade.
Le disque est très mélancolique mais jamais déprimant, dans quel état d’esprit les chansons ont été écrites ?
On s’est fixé une règle d’or, c’était de jouer sur les contrastes.
« Pressure » a l’air joyeuse même si elle parle de rivalités familiales.
Les paroles peuvent être tristes mais toujours contrebalancées par des mélodies lumineuses.
Qu’est ce qui les a inspirées ?
J’écoutais pas mal de Phil Spector donc, mais aussi du Charles Stepney, des B.O de Morricone, des musiques qui transportent.
Sur chaque morceau, on essaie d’atteindre le même niveau d’émotions que celles là, et retranscrire les notres.
Je me suis aussi servi de productions que j’avais commencé avec d’autres projets mais qui allaient plus avec l’esthétique de Quadron.
Coco, ce qui me charme le plus dans ta façon de chanter, c’est ce coté confident, comme si tu t’adressais directement à l’oreille, pour qu’on t’écoute plus qu’on ne t’entende, en es tu consciente ?
J’essaie avant toute chose d’être la plus honnête possible, à faire le vide complet autour de moi, uniquement concentrée dans ce que je chante.
Dans Quadron comme dans la vie je suis totalement à fleur de peau, et je pense que quand tu aimes ce que tu fais, si tu veux être aimé et pris au serieux par ceux qui t’écoutent, il n’y a que l’honnêteté qui compte.
Le traitement de la voix m’a impressioné, ça sonne autant live que studio, tu peux nous en dire plus sur ta façon d’enregistrer ?
On a un genre de terrain de jeux avec deux studios ouverts et boisés où tout (instruments et voix) est enregistré avec des micros Peluso ou Neumann selon qu’on soit à Copenhague ou Los Angeles.
On utilise pas mal de reverb, mais ça sonne différament vu qu’on enregistre pas en cabine, on essaie d’avoir le son le plus intime possible, dans une ambiance relax, juste tous les deux, sans musiciens.
Autre chose qui me bluffe à chaque écoute, c’est cette façon de mélanger sons synthétiques avec des instruments plus organiques, quels sont ceux que vous utilisez pour ce disque ?
Ravi que tu soulignes ça.
On a essayé de fusionner les époques et les styles de soul qu’on aime pour en faire notre son, qui en perpetuelle évolution.
On experimente, on mélange tout ce qu’on aime, on essaie de s’éloigner des conventions et faire du neuf mais jamais au détriment des chansons.
C’est pas mal de se tourner vers la musique du bon vieux temps mais on essaie de repousser plus loin les limites du genre, qui doit sans cesse se renouveller à mon sens.
Il y a pas mal de détails dans cet album qu’on ne découvre vraiment qu’au fil des écoutes, vous avez mis combien de temps à le produire ? Les morceaux sont ils loin des démos originelles ?
Un an et demi, mais certains titres datent d’il y a plusieurs années.
On travaille par cycle, parfois on laisse de coté des morceaux et on les retravaille bien après, et parfois elles sonnent plus proches de la démo qu’on s’y attendait, mais on a toujours besoin d’ un certain recul pour évaluer si la chanson est finie ou pas.
Avez vous commencé à travailler sur le prochain disque ?
Oui nous avons quelques morceaux en préparation.
Vous avez tourné avec plusieurs artistes soul et hip hop comme Mos Def ou Bilal, quel a été l’accueil du public aux USA ? Prévoyez vous de collaborer avec certains de ces artistes ?
L’accueil a été très bon, le public Américain est très ouvert à notre musique, on s’est senti chez nous.
Il y aura deux featurings sur le prochain album, et peut être d’autres collaborations.
On joue votre album depuis Mars et il est sorti ici en Novembre.
Es-ce que vous connaissez la France, la musique Française ?
Je ne sais pas pour Coco mais moi je suis venu deux fois à Paris et j’ai adoré.
Pour ce qui est de la musique on aime Tellier, Air, Daft Punk, Justice, Gainsbourg, Michel Legrand…
Vous comptez jouer en France cette année ?
On va tout faire pour !
L’émission s’appelle « Hot Fidélité » comme le bouquin de Nick Hornby, alors j’aimerai avoir vos tops 5.
Coco : ça m’est vraiment impossible, ça dépend de mon humeur, du temps qu’il fait, de ce que je fais en même temps, j’ai tellement de disques préférés que je suis incapable de te faire une liste de seulement 5, mais j’y travaillerai pour la prochaine interview.
Robin: alors moi ce sera mes 5 chansons préférées de Leon Ware :
1. wanna be where you are (michael jackson, leon ware, marvin gaye)
2. i want you (marvin gaye)
3. inside my love (minnie ripperton)
4. estrelar (marcos valle)
5. rocking you eternally (leon ware)
Merci d’avoir répondu à cette interview et bonne continuation pour 2011.
Merci à toi, et bonne année aussi.
http://www.myspace.com/quadronquadron