Le corollaire de la métropolisation est la relégation des territoires ultra périphériques. Tandis que l’Europe se réorganise en aires métropolitaines, portée en cela par la mondialisation de l’économie, il faut se souvenir que l’armature urbaine promue par Christaller et l’école de Chicago est malheureusement hétérogène, discontinue et que l’espace des flux a considérablement mis à mal bon nombre de ses liaisons pour recomposer des réseaux plus en accord avec la société actuelle.
Depuis l’endroit où j’écris ces lignes, je ressens la relégation territoriale. Si voici quelques années le mot était utilisé pour qualifier les banlieues, on peut dire maintenant que ces ensembles urbains appartenaient à des périphéries, ce qui n’est même plus le cas de bon nombre de petites villes françaises.
Dans la législation française du XIX et début du XX siècle, la relégation est une peine supplémentaire qui consiste à maintenir interné dans une colonie un condamné aux travaux forcés, après l'accomplissement de sa peine principale. Le Littré définit quant à lui la relégation comme le “confinement en un lieu déterminé, avec conservation des droits politiques et civils, à la différence du bannissement qui les ôtait".
Me voila rassuré car nous ne sommes pas encore bannis. Nous voila dans l’ultra-périphérie comme on parle aujourd’hui de territoire ultra-marin. Les entreprises historiques ferment les unes après les autres, des quartiers entiers sont en friches et les administrations d’Etat quittent peu à peu la ville.
Nous attendons une sorte de Movida, le moyen d’échapper à notre mort.