Titre : L'Angélus de Midi,
T1
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur
: Manu Larcenet
Parution : Septembre
2008
« L’Angélus de Midi » est une œuvre singulière dans les ouvrages de Larcenet. Proche du roman graphique, il consiste en de longues narrations ponctués de quelques dessins, plus rarement d’une petite bande-dessinée. Le tout pour nous parler de la crise de la quarantaine.
Deux narrateurs se succèdent dans cet ouvrage. Le premier est Pedro-Joao Himmelkopf, chercheur un brin escroc et méprisant qui décide d’étudier un sujet en pleine crise de la quarantaine : un obèse avec lequel Larcenet a quelques points communs (comme avoir travaillé chez Fluide Glacial par exemple…). On passe donc de l’un à l’autre. Le chercheur nous bassine de langage cynique et pseudo-scientifique. Le sujet d’étude se contente souvent d’anecdotes censées expliquer son désespoir. Le tout est donc extrêmement narratif, puisqu’il n’y a quasiment aucun dialogue.
Si au départ on est un peu curieux face aux discours d’Himmelkopf, on s’ennuie vite. La recherche d’un ton décalé et humoristique est systématique mais tombe souvent à plat. Les blagues sont souvent vues et revues et on n’esquisse un sourire finalement assez rarement. Les anecdotes de Larcenet, plus originales, tiennent plus en haleine car ce sont de véritables histoires avec un début, un développement et une fin. Cependant, leur aspect très hétérogène (un pamphlet contre Godard, Larcenet à la Poste pour envoyer un colis…) rend le tout est décousu et il manque finalement une ligne directrice. De plus, les monologues du patient sont peu ou mal analysés a posteriori, rendant le duo caduc.
Les dessins de Larcenet sont ici en noir et blanc et ont une nervosité bienvenue. Malheureusement, ils sont souvent inutiles. Quand le professeur parle par exemple, on le voit à un bureau qui parle. Comme il parle souvent, cela ne se renouvelle pas (certes, parfois il écrit aussi). Et c’est là que ce livre pêche : le rapport texte/image est quasiment inexistant dans la lecture, hors c’est là la plus grande qualité de Larcenet en tant qu’auteur. Nul doute qu’avec un dessin plus présent et plus fort, le texte aurait pris une autre dimension.
Au final je considère ce livre comme raté. Il a certes des qualités (notamment son originalité) mais cela ne suffit pas. Le but même de l’auteur paraît un peu flou dans son projet et est finalement vite redondant. C’est pour cela que je suis étonné qu’une suite soit déjà prévue.
par Belzaran
Note : 8/20