De nobles plans pour aligner les politiques économiques de la France et de l’Allemagne ne sont rien de nouveau sous le soleil. Le président français Nicolas Sarkozy est particulièrement excité par cette idée.
Mais qu’en pensent les gens dans ces deux pays ? Le Monde de vendredi publie une étude conduite par IFOP pour deux think tanks, l’un allemand et l’autre français.
Cette étude livre une réponse que Sarko, et une bonne partie de l’élite de l’UE, préfèreraient probablement ne pas entendre. D’après les sondages, seuls 18% des Allemands pensent que leur pays devraient considérer la France comme un « partenaire privilégié ». De leur côté, seuls 31% des Français pensent que l’Allemagne devrait recevoir ce titre.
Et ce n’est pas tout. Seuls 44% des Allemands sont d’accord pour dire que leur pays devrait coordonner plus ses politiques économiques avec les autres pays de la zone Euro, par rapport à 65% des Français. Sans surprises, Français et Allemands ne sont pas exactement sur la même longueur d’onde quant au rôle de la banque centrale européenne. 69% des Allemands disent que la BCE devrait concentrer ses efforts dans le combat « contre l’inflation et la hausse des prix », alors que 51% des Français pensent qu’elle devrait agir pour « favoriser les croissance économique ». Cette différence touche au cœur même des problèmes de la zone euro (une seule taille ne convient pas à tout le monde).
En d’autres termes, ce n’est pas une bonne base de départ pour deux pays qui cherchent à démontrer à la zone euro qu’une plus grande harmonisation des politiques économiques est à la fois possible, et désirable.
On ne peut s’empêcher de se remémorer ce que le ministre français de l’économie Christine Lagarde a dit récemment lors de l’émission Newsnight sur la BBC. Quand on lui a demandé si les gens avaient jamais voté en faveur d’une plus grande harmonisation des politiques économiques dans la zone euro, elle a répondu :
« Le projet européen est en marche depuis plus de 50 ans et il s’est construit suite à une situation où les peuples étaient en guerre [...] Le projet européen est une chose en laquelle nous croyons tous, parce que nous voulons que la paix soit maintenue. »
Euh, c’était quoi la question déjà ?
Au lieu de toujours repasser directement en mode boy scout chaque fois qu’ils sont confrontés aux réalités économiques et démocratiques, Lagarde et les autres feraient bien de méditer les résultats de ce sondage. Après tout, la réalité finira bien par les rattraper tôt ou tard.
Repris du blog d’Open Europe avec l’aimable autorisation de ses responsables.