Magazine Culture

Napoléon à Sainte-Hélène et mort

Publié le 23 janvier 2011 par Dubruel

Exil et mort 

A bord du Northumberland, le navire anglais qui emmène Napoléon à Sainte-Hélène, le prisonnier de l’Etat britannique raconte volontiers, en particulier à Las Cases, ses nombreuses  batailles. Il en arrive à Waterloo et là dans un soupir, il murmure : « Ah, si c’était à recommencer ! »

 Napoléon débarque le 16 octobre (et non le 17, comme il est souvent écrit)  sur l’île-prison. La traversée a duré 71 jours.

Nature âpre, tourmentée, Sainte-Hélène est le débris d’un volcan, l’un des plus puissants qui aient jailli des mers aux premiers âges de la planète. Précipices, crêtes, entassements de roches violacées et brunes que des millénaires de pluie, de vent et de soleil n’ont pu que rider, sont les rejets de l’immense cratère englouti au sud de l’île, à Sandy Bay.

 Quoique tout près de l’Equateur, Sainte-Hélène, en raison de son élévation au-dessus de la mer (de 300 à1000 mètres) offre un climat tempéré. Jamais moins de 10° centigrades, jamais plus de 28°. L’été commence le 22 décembre, l’hiver le 21 juin.

La flore est très variée. Les fourrages et les légumes donnent des récoltes à peu près continues. La faune comprend des variétés autochtones, surtout chez les insectes. 

En 1820, la population était de 7998 âmes. En 1815, elle se composait de 3395 blancs, 1218 noirs esclaves, 489 chinois et 116 hindous et Malais. Les anglais appelaient les natifs de l’île : « les Yamstocks », mangeurs de yams (les ignames). Ses habitants avaient la réputation d’être de grands naïfs.

Sainte Hélène, découverte le 21 mai 1502, jour de la fête de la mère de Constantin, par Juan de Nova Castella, navigateur portugais, fut occupée par les Hollandais puis par la Compagnie des Indes Orientales (1651).L’île la plus isolée de l’Atlantique, à 700 lieues du Brésil, à 460 lieues de la plus proche côte africaine, a16 kmde longueur sur 12 de large, avec une superficie égale à elle de Jersey.

A Sainte-Hélène, La première résidence  (Les Briards) de Napoléon sur l’île a été choisie par l’amiral Cockburn.On aperçoit la maison de loin, sur un plateau désert, à peine ondulé, où croissaient quelques arbres tordus par le vent. Une petite ferme composée de bâtiments disparates, d’une ocre rose, coiffée d’ardoises. A l’est, s’étendait un bois pâle de gommiers. Les gommiers sont des arbres grêles, de 5 à6 mètresde haut qui ne donnent guère d’ombre et dont les fleurs ressemblent curieusement à celles des asters.

Napoléon et son entourage ne pouvaient faire un geste, un pas, sans que le gouverneur de l’île ne fut averti par signaux optiques.

En 1816, Longwood house, la 2ème résidence de Napoléon, abritera 51 personnes, y compris les serviteurs.

Le soir, Napoléon propose souvent aux officiers de l’équipage et à son entourage une partie de « vingt et un », son jeu préféré qui prévalait déjà à la Malmaison sous le Consulat. Il risque une pièce d’or à chaque coup, laissant s’accumuler les gains jusqu’à ce qu’il perde, curieux d’interroger sa chance. Il perd ainsi régulièrement 10 ou 12 napoléons. Une fois pourtant il gagne 1600 francs à l’amiral Cockburn. Si la partie avait été poursuivie, la tactique utilisée par Napoléon lui aurait rapporté 60 000 louis. Un officier anglais fait remarquer qu’on est le 15 août, jour de l’anniversaire de Napoléon. Il a 46 ans.

L’empereur fait aussi des parties d’échecs. Les parties sont courtes l’empereur déchu joue mal. Il attaque toujours, exposant ses pièces. Il triche …et perd souvent.

Et à Noël, on peut assister aux jeux du camp : les soldats britanniques courent après un cochon à qui on a graissé la queue, seul endroit par lequel il soit permis de le prendre.

L’île est infestée par les rats. Seuls les domestiques chinois apportèrent une solution efficace pour s’en débarrasser au maximum : ils les attrapaient avec des pièges…puis en faisaient leurs délices !

La Couronne britannique prit en charge toutes les dépenses liées à la captivité, dont l’entretien des troupes (1800hommes) et des navires envoyés sur place (un vaisseau de ligne et deux frégates)

CURIOSITÉ : la forme du Barn, cette montagne de Sainte-Hélène couleur de bronze, affiche une ressemblance précise et terrible avec la tête de l’empereur, chapeau à cornes au-dessus du front. Gigantesque figure de proue, face tournée vers la mer australe.

La garde de Napoléon à Sainte-Hélène :

Curiosité : Le gouverneur de l’île s’appelait LOWE. Ce n’était pas un tendre mais tout au contraire un geôlier peau de vache, extrêmement strict et dur envers Napoléon…LOVE !! On rêve !…Mais il parlait couramment français…et italien (ce qui pour l’espionnage ne devait pas être inutile)

En 1817, la troupe des gardiens anglais de Napoléon et de son entourage à Sainte-Hélène se composait ainsi :

Le jour, 82 hommes postés en piquets autour des limites du territoire qui leur était imposé.; 4 sentinelles gardaient le parc de Longwood; 16 hommes étaient à Longwood Gate; 23 se tenaient aux écuries. Ces chiffres ont très peu varié durant toute la captivité

Le soir : 28 sentinelles entouraient le jardin. A 9 heures, 16 étaient postés tout contre la maison. 42 étaient à Longwood Gate et 14 aux écuries.+ 24 hommes et un officier pour le service des télégraphes optiques.

Et Napoléon de dire : « la seule vue de l’île convaincra quiconque qu’une évasion est impossible »

De Sainte-Hélène, on compte pourtant trois tentatives d’évasion. La première, organisée par Stephen Decatur, glorieux marin américain, la 2ème par le fameux flibustier Laffitte et la 3ème par Nicolas Girod, un riche français de la Nouvelle-Orléans.son clipper « La Séraphine » allait appareiller…quand arriva la nouvelle de la mort de l’empereur.

Les derniers jours de Napoléon

Peu de jours avant sa mort, l’empereur ne cessait de hoqueter. 5 médecins étaient à son chevet. Aucun ne comprit de quoi Napoléon était mort. L’-empereur avait ordonné qu’on l’autopsia de telle sorte que l’on puisse prévenir son fils s’il devait avoir des symptômes identiques

Les matières rejetées par son estomac sont de couleur noire, grumeleuse et parsemées de petites taches de sang.Dans la matinée du 1ermai 1821, le hoquet reparait. Le malade refuse nourriture et médecine.Pour soulager le patient, les 3 médecins anglais décident de lui administrer le 3 mai, sans qu’il s’en doute, une dose de calomel (chlorure mercureux) et de lui donner une potion calmante. La dose ordonnée par les 3 médecins était beaucoup trop forte pour un organisme exténué. Elle a sûrement hâté la mort.

Napoléon murmura avec dédain : « Quel résultat de la science ! Belle consultation ! Laver les reins avec de l’eau de Cologne, bon ! Pour le reste, je n’en veux pas. »

Marchand, qui veille sur l’empereur en permanence, délaie la poudre dans un verre d’eau sucrée. Napoléon avale avec peine. A la dernière gorgée, il sent la drogue. Avec reproche, il dit à Marchand : « Ah, tu me trompes aussi ! »

Napoléon boit un peu de potage et beaucoup d’eau sucrée. Les nausées en rejettent la majeure partie, et le hoquet n’a presque plus de relâche. Pour le vaincre, le docteur Arnott lui fait prendre une potion à base d’opium et d’éther. La fièvre remonte. Des mots incompréhensibles sortent de sa bouche. Montholon, a cru comprendre : « France, armée, tête d’armée, Joséphine. » Ce sont les derniers. Napoléon retombe dans l’anéantissement. Il vomit encore. Nous sommes le 5 mai 1821.

« L’abbé », aumônier de Madame Mère, était arrivé sur l’île le 20 septembre 1819. C’est un corse de 67 ans, Antonio Buonavita (Traduction risible : « la bonne vie ?! ». Pour l’occasion, le pape l’avait nommé  « Protonotaire apostolique ». A ce titre il avait droit à l’appellation de « Monseigneur » (Napoléon avait demandé un prêtre pour se confesser.)

Le 5 mai, Antommarchi se penche vers Napoléon. Sans un tressaillement, sans un murmure, l’empereur venait de mourir. Un crucifix fut déposé sur sa poitrine. C’est l’abbé Angelo Vignali, qui accompagnait Buonavita, qui donna l’extrême onction (3 mai 1821) et célébra l’office des obsèques.

Curiosité :l’annual register of Saint-Helena indique au jour du 6 mai : nouvelle lune.

Le marquis Montchenu, qui était présent dans la chambre, raconte : « Je n’ai jamais vu un cadavre aussi peu défiguré ; tous ses traits étaient parfaitement conservés, et sans sa pâleur, on aurait dit qu’il dormait. » et il ajoute : « ce qu’il y a de singulier, c’est que sur 5 médecins, il n’y en a pas un qui sache de quoi il est mort. » on identifia officiellement un ulcère cancéreux étendu.

Avant d’être inhumé à Sainte Hélène, dans 3 tombeaux encastrés les uns dans les autres (le premier en fer blanc, le second en acajou et le 3ème, en plomb, puis peu après le tout dans un 4ème …enfouis profondément ( sous 3 mètres de ciment) le tout recouvert de terre et d’une plaque de maçonnerie de deux pieds d’épaisseur .

Dans une boite en argent, remplie d’esprit de vin, le cœur de Napoléon fut enfermé dans le cercueil (Lowe devait craindre un enlèvement voire une résurrection ??!!),eut lieu l’autopsie.

L’estomac enlevé parut en un état épouvantable pour les 2/3, couvert de substances cancéreuses. Il y avait un trou par où l’on pouvait passer le petit doigt.

Napoléon est mort du même mal que son père : un ulcère probablement cancéreux de l’estomac, (Napoléon connaissait le mal de son père et avait soupçonné « comme lui, je vais mourir d’un squirre ulcéreux du pylore ») dont l’évolution longtemps insoupçonnée, s’est précipitée vers la fin. Il était aussi atteint d’une hépatite chronique, depuis des années.

Napoléon avait été soigné de façon absurde, voire criminelle. Les drogues mercurielles lui corrodèrent l’estomac et les intestins. On a aussi beaucoup parlé des difficultés pour la confection de son masque mortuaire.

Conclusion :

Non, Napoléon n’a pas été empoisonné. Pas d’arsenic, pas de mort aux rats

Non, il n’a pas été assassiné. Non, le corps de Napoléon gisant dans son cercueil n’a pas été substitué par celui de Cipriani. Non, les cendres de l’empereur n’ont pas été conservées par les anglais à Westminster ou ailleurs.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Dubruel 73 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine