Du coup j’ai expressément évité Citizen Kane à la télé et en DVD, sachant que c’était bien le genre de film qu’il n’est pas franchement difficile de voir dans une salle de cinéma, que ce soit dans les cinés du Quartier Latin ou à la Cinémathèque. Et puis tout à coup, la semaine dernière, je regardais le programme du cycle « La Fabrique du Temps » qui a lieu en ce moment au Forum de Images lorsque le titre « Citizen Kane » était annoncé pour le surlendemain, un soir où j’étais disponible. « Allez, il serait peut-être temps que je le vois ». C’est ainsi que je me suis trouvé, enfin, après des années d’attente, tout excité, calé dans mon siège, attendant que le rideau se lève sur « le plus grand film de l’histoire du cinéma ».
Bien sûr, Citizen Kane n’est pas le dernier classique qu’il manquait à mon tableau. Je peux même dire que c’est loin d’être le cas. Il me reste tant de films à voir, de tant de décennies et de tant de nationalités différentes. Tant de lacunes à combler. J’ai grandi en tombant amoureux du cinéma de mon époque. J’ai grandi en allant voir un maximum de ces films faits par mes contemporains. Depuis quelques années pourtant, je sens qu’il me faut laisser plus de place dans ma vie de cinéphile à tous ces films que je n’ai jamais vus et qui m’attendent patiemment. Je les rattrape avec une délectation cinématographique qui me fait déjà trépigner d’impatience pour le suivant. Ce week-end, je me suis déjà engouffré dans la salle bleue de la Filmothèque pour découvrir Point Blank – le point de non-retour de John Boorman, en attendant la semaine prochaine qui va voir les ressorties de La loi du silence d’Hitchcock et de La Dame de Shanghai d’Orson Welles (décidément…). Qu’il est bon de vivre à Paris et de pouvoir voir tout cela.