PARESPERLUETTE⋅DIMANCHE 23 JANVIER 2011, 07:00⋅PARTICIPER À LA DISCUSSION
Pourquoi irais-je dans ma librairie de quartier si j'y trouve les même piles de bestsellers que dans les supermarchés du livre ? Si mon libraire est aussi peu disponible à me prodiguer ses conseils éclairés que les manutentionnaires des chaînes spécialisées, pourquoi n'irais-je pas choisir mes livres sur Internet ? En bref, mon libraire est-il un militant au service de la cause culturelle ou un petit entrepreneur tentant de survivre à la crise ?
Pour répondre à cette question, il faut d'abord tenter de définir ce qu'est une librairie indépendante. Selon le CNL (Centre National du livre) le label L.I.R. (Librairie Indépendante de Référence) est soumis à un critère qualitatif, à savoir que l'établissement doit proposer, tout au long de l'année, une animation culturelle. Le second critère est le nombre de références en stock, considéré comme le reflet de la diversité de l'offre. Est-ce à dire que si mon libraire propose l'intégralité de la collection Harlequin, il a déjà fait une bonne partie du chemin vers la labelisation ? Pas selon le SLF (Syndicat National du livre). Il précise que label, mis en place et 2009 et révisé en 2010, s'est donné pour ambition de valoriser le travail de sélection et de conseil des librairies, ainsi que celui de promotion de la diversité éditoriale. Il n'est pas précisé s'il existe une grille d'évaluation ou des seuils quantitatifs pour l'éventail éditorial. En revanche, on sait qu'une commission composée de professionnels du livre et de représentants des collectivités territoriales est chargée d'inspecter les librairies candidates. Il faut néanmoins savoir qu'elle est présidée par Antoine Gallimard, l'un des plus gros éditeurs français. Les autres conditions à remplir sont strictement économiques et fiscales (chiffre d'affaires, capital, frais de personnel, etc). Par ailleurs, l'établissement doit compter moins de 250 salariés. Autant dire que la différence est d'importance entre mon petit libraire de quartier spécialisé en littérature de voyage, un magasin totalisant une superficie de 2.500 m² avec des espaces papeterie et jeux-vidéos (Le Verger des muses à Corbeil-Essonnes) et une enseigne généraliste comptant huit boutiques (Librairies Fontaine à Paris). Plus de 400 établissements ont été labellisés en 2009 et une soixantaine en 2010. Ce statut est valable trois ans.
Mieux encore, dans le cas d'Ennemis publics, la correspondance de Michel Houellebecq et de Bernard-Henri Lévy, les libraires ont été invités à acheter les yeux fermés alors même que l'identité des auteurs restait un secret jalousement gardé par l'éditeur. Ils savaient juste qu'il s'agissait de personnalités incontournables du monde littéraire. Les libraires cèdent d'autant plus facilement à ce type de coup marketing qu'il existe un système très pratique leur permettant de retourner les exemplaires invendus à l'éditeur au bout de quelques mois. En échange, il s'engage à commander un certain nombre de nouveautés. Cette pratique, appelée Office, permet d'obtenir une plus forte remise du fournisseur. Or, certains éditeurs pratiquent un office sauvage et expédient plus de titres et de quantités que convenu.
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Photos :
Hermann Hesse
Adrienne Monnier