Un défilé du créateur Bernhard Willhelm est toujours un événement. Plus qu'une simple présentation, il délivre un véritable univers au sein d'une installation parfois plus proche de l'art contemporain que de la mode. Cette saison encore, Bernhard Willhelm n'a pas déçu. Installé dans le sous sol d'un hôtel particulier chic du 8e arrondissement, Bernhard Willhelm a disséminé des mannequins, le visage dissimulé derrière d'épaisses couches de maquillage ou la tête recouverte de stickers. Ils sont habillés des vêtements signatures du créateur: des slims aux vestes patchwork multicolores. L'ambiance est étrange, la salle est plongée dans la pénombre, une voie susurre des comptines pour enfant sur des sons discontinus...
C'est assez étrange de passer comme ça de mannequins en mannequins. Ils deviennent complètement objectivés, sortant de l'humain pour devenir des poupées dont l'objectif est de capter le regard ou la caméra. Les messages imprimés sur les têtes semblent des slogans, critiquant le système capitaliste (No Limit, Never too old) et même le système de la mode (Looking good), mais au final, je les ai ressentis personnellement. Après tout, ce No Limit s'adresse peut être à moi, qui va de défilé en défilé et passe devant ces mannequins avec mon objectif, les mitraillant comme des bêtes de foire. Enfin, un défilé qui fait réfléchir, cela fait du bien...
Petit passage backstage après le défilé où cela fait du bien de discuter avec les mannequins. Effectivement, le plus dur est de rester impassible devant tous les gens qui passent et de répéter inlassablement les mêmes gestes. Après un déshabillage et un pouponage aux mains expertes des maquilleuses de Make Up Forever, les mannequins sont repartis vers le défilé suivant. Retour à la normalité après 1h30 de prestation hors norme !
www.bernhard-willhelm.com