Mais Brecht fustige aussi les relations entre police et banditisme. Il n’y a que la royauté qu’il épargne.
C’est la première fois que je vois cette pièce en langue allemande (sur Arte), et les sous-titres ont attiré mon attention, notamment sur l’air que chantent Mackie et Brown, le Kanonen Song (le chant des canons). Il y est question des conquêtes coloniales de l’Angleterre, du Cap (Afrique du Sud) à Couch-Behar (Inde), menées donc par des soldats. On peut entendre, dans ce chant, cette phrase : « S’ils rencontrent une nouvelle race, qu’elle soit brune ou pâle, alors ils en feront peut-être leur steack tartare. »
Soldaten wohnen
auf den Kanonen
vom Cap bis Couch-Behar,
wenn es mal regnetete
und es begegnete
ihren ’ne neue Rasse,
’ne braune oder blasse
dann machen sie vielleicht
daraus ihr Beefsteack Tartar.
Je n’avais pas entendu ces mots auparavant. La version française que je connaissais parlait de «hordes barbares qui chercheraient la bagarre»…
Une autre version, encore plus erronée, peut se trouver sur Internet :
Le canon tonne
Nos pas résonnent
Du Gange au Malabar
Chaud ou froid, soif ou faim
La mort vient à la fin
Ni plus tôt ni plus tard
Que l'ennemi soit blanc ou noir
Cela t'est bien égal, si tu dois crever ce soir
Je ne sais pas qui l’a composée, mais elle dit le contraire du texte d’origine.
Le texte de Brecht est plus direct et dénonce un racisme imbécile qui fait l’affaire en particulier de ces deux-là, qui seront mafieux et chef de police, et dont les intérêts sont liés. La dénonciation du racisme faite ici par Brecht dérange-t-elle tellement que les traducteurs n’arrivent pas à la mettre en Français ?